Alors que les armes continuent de crépiter entre l’armée malienne et certains mouvements
signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation, un vent d’espoir pour la concorde et
la paix vient également de souffler. Une initiative en faveur du dialogue pour la paix et la
réconciliation est née. Chérif Ousmane Madani Haïdara et Ali Nouhoum Diallo, deux grandes
figures, l’une religieuse et l’autre politique, sont à la base de cette initiative, elle-même fruit
d’un constat de reprise des hostilités entre frères d’une même nation, à savoir les militaires
de l’armée malienne et certains éléments égarés des groupes signataires de l’accord pour la
paix et la réconciliation. Pour rappel tout est parti des opérations de rétrocession des camps
de la MINUSMA à l’armée malienne. Laquelle rétrocession, selon les clauses de l’accord
entre le Mali et l’organisation des Nations Unies, devrait se passer entre le gouvernement à
la MINUSMA, ce qui n’a pas été la grille de lecture du CSP qui pense que cet accord est
postérieur à celui qui a été signé en 2015 et dont la mise en œuvre aurait dû permettre aux
parties signataires d’éviter l’affrontement. Deux grilles de lecture antinomiques, finalement
les deux parties ont fini par s’affronter au grand dam des populations civiles. Alors même
qu’une issue pacifique pouvait être trouvée en permettant à l’armée d’occuper les emprises,
mais aussi et surtout en appliquant l’accord pour la paix et la réconciliation. Ainsi pour éviter
que ces hostilités n’aboutissent à des situations déplorables, entamant le vivre ensemble,
certains leaders politico-associatifs ont pris l’initiative d’aller voir le Président du Haut
Conseil Islamique afin de mettre en place une structure pour faciliter le dialogue entre
maliens.
Parviendront-ils à changer le cours de l’histoire ?
C’est le Pr Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’assemblée Nationale de 1992 à 2002, à
la tête d’une forte délégation, qui s’est rendu au siège du Haut Conseil Islamique pour
rencontrer son Président le très populaire Chérif Ousmane Madani Haïdara. Son objectif est
de plaider en faveur d’une dynamique pouvant non seulement permettre d’arrêter les
hostilités entre frères et engager un dialogue pour une paix durable. Si la rencontre a eu lieu
à huis clos, les quelques mots recueillis à la fin de la rencontre présage d’un lendemain
prometteur. Toutes les deux parties se sont d’ores et déjà engagées pour prêcher la bonne
parole, celle qui permettrait de mettre fin aux hostilités et surtout d’aboutir à une paix
durable et le vivre ensemble. A la question de savoir s’ils parviendront à inverser la tendance
sur le terrain en ramenant toutes les parties autour de la table, la réponse est on ne peut
claire, oui surtout quand on sait que le Mali est une nation et que tous les ressorts ne sont
pas cassés. Ces deux personnalités, à savoir Ali N Diallo et Chérif O Haïdara, qui ont à leurs
côtés d’hommes politiques avisés à l’image de l’ancien ministre des affaires étrangères
Tiébilé Dramé et des leaders religieux expérimentés comme Me N’Diaye, peuvent bien
entendu arracher un compromis dynamique, certainement en aval de la reprise des
emprises par les FAMA.
En cas d’échec dans les négociations quelles pourraient être les conséquences ?
Les conséquences seront sans nul doute incommensurables, tant sur le plan social que
culturel et politique. En effet, le vivre ensemble prendrait un coup terrible, le risque d’un
enlisement de la crise serait patent et celui d’une guerre sans fin avec ses conséquences
socio-économiques et financières. Donc il est un impératif absolu de trouver un compromis
entre protagonistes si tant est qu’on veut éviter une guerre fratricide.
Source:Alternance/Youssouf Sissoko