« Il portait un jellabah blanc, tout comme son turban et il était accompagné de quelques barbus », précise notre source. Un de ces barbus, selon un opérateur économique de la place qui dit bien le connaître n’est autre « que Oumar Ould Amaha ». Oumar Ould Amaha ? Le nom est familier dans les rapports sécuritaires. Il est en effet un des hommes de confiance de Belmoktar. Iyad Ag Ali l’avait souvent sollicité pour l’aider à négocier la libération des otages.
Iyad est-il venu à Tombouctou accompagné, comme il se dit, des chefs Salafistes Abuzeid et Belmoktar? Personne n’a été en mesure de le confirmer. En revanche, il a été entendu dire que ce n’est pas le Mnla – dont le QG tenu par Mohamed Ag Najim, chef militaire du mouvement, est situé à l’aéroport à l’entrée de la ville- qui fera la loi à Tombouctou mais la « charia ». Le patron de Ansardine, dans une opération séduction, ira jusqu’à partir « saluer des malades à l’hôpital de la ville et leur donner des médicaments ».
Peu de temps après cette visite, il disperse ses troupes dans la ville pour « demander aux femmes de se voiler ». Sur le ton de la persuasion et pas de la menace, souligne un employé d’Ong qui a même remarqué le succès des jihadistes auprès des enfants auxquels « ils ont distribué bonbons et chewing gums ». Ag Ali s’est voulu rassurant : « nous sommes venus pour répandre la parole de Dieu et non pour nous attaquer aux populations et à leurs biens », a-t-il juré. Il a ajouté, selon notre témoin : « le vol c’est haram ». Avant d’infliger une punition publique à quatre jeunes miliciens arabes pris en flagrant délit de sabotage des installations d’Edm. « Peu avant la prière du crépuscule, il a tenu une rencontre avec les cinq grands imams de la ville », affirme un fidèle qui a prié avec lui.
Adam Thiam
Le Républicain 03/04/2012