Dimanche, gros cadeau du président Touré qui, sous les caméras, remet sa démission aux médiateurs avec la hauteur distinctive des grandes nations. Le Mali nous a donné des frayeurs deux semaines durant. Le voilà en train d’essayer de rentrer dans les rangs.
Comme si sa crise gravissime est une opportunité plutôt qu’un échec. Opportunité pour remobiliser la vigilance endormie de ses sentinelles. Opportunité du recul pour comprendre et conjurer à l’avenir les causes du pourrissement et la facilité avec laquelle la République peut passer nuitamment du sommet à l’abîme. Opportunité pour accélérer la nécessaire relève d’un personnel politique qui a plus créé un glacis qu’une dynamique. En d’autres termes, si nous nous donnons les moyens d’une transition fluide et cohérente, notre processus démocratique en sortirait renforcée. De ses abcès crevés. De ses aspérités gommées.
De ses lests enfin jetés entre un Etat central bloqué et des citoyens porteurs de solutions. La caporalisation des institutions doit être finie. Les décisions de justice ne seront plus vendues aux plus riches. Les médias publics ne seront plus les griots du prince. Le processus électoral ne sera plus l’indicateur de base de la corruption et de l’impunité. Nous serons alors une démocratie non pas des oripeaux mais du contenu. C’est-à-dire le raccourci le meilleur vers le bien-être de tous, au lieu d’être la mangeoire des seules élites. Ce nouvel élan pour la nation demandera la mise à mort des ego. Un défi difficile à relever là où l’Etat est une vache à lait, les places bien comptées, et l’armée revenue dans l’arène politique.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 10/04/2012