Il devait se douter qu’une cachette en Libye et en ce moment n’en est pas une pour lui. Balancé? Livré au nom de la realpolitik ? Ou auto-livré parce qu’il savait les retraites coupées ? Car contrairement à son frère Saad, Seif, lui, était bel et bien sous le coup d’un mandat de la Cpi. Ni le Soudan, ni le Niger, ni le Tchad, ni le Mali ne pouvaient l’accueillir sans encourir les foudres de la communauté internationale.
Et ceci parce que l’héritier du Guide a toute la légitimité requise, pour animer, de l’hinterland sahélien, la résistance à laquelle Kadhafi appelait le peuple libyen dans son testament du 17 octobre, à quelques heures donc de son insoutenable lynchage. Mais l’arrestation de Seif El Islam, à part que c’est une jolie prise de guerre, soulève plus de problèmes que de solutions. D’abord, il va falloir décider de la juridiction qui doit le juger.
Le Cnt donne l’impression de vouloir le juger en Libye. Mais il sait qu’un procès conduit dans les règles de l’art fait définitivement des Kadhafi des martyrs. La Cpi aussi montre de l’empressement à avoir Seif El Islam dans son box-office. Mais elle sait mieux que quiconque qu’elle n’a été que l’instrument des coalisés dans un remake des animaux malades de la peste du célèbre fabuliste Jean de la Fontaine. Parce que dans cette histoire, il y a tellement d’intox, de non-dits et de dissimulations.
Les organisations de droits de l’homme et même des juges de la Cpi pointent maintenant les atrocités de l’Otan, avec plus de vingt mille sorties d’avions, dix mille bombardements et semble t-il, pas moins de soixante dix mille victimes civiles. Que Seif soit jugé par la Cpi à Tripoli ou à la Haye, son procès sera des plus malaisés.
Adam Thiam
Le Républicain 21/11/2011