Mais l’Otan ne restera pas longtemps sans envoyer des troupes au sol à travers une armée d’inspecteurs pour s’assurer que le dispendieux arsenal de Khadafi -pas moins de 20000 missiles sol-air de courte portée, prétend-on du côté de Bruxelles- est passé au pilon. Il faut dire que ce serait œuvre plus qu’utile dans une région où du troupeau de chamelles qu’il fallait vendre pour s’en procurer une, il y juste quinze ans, la kalachnikov ne vaut même plus le prix de cinq chèvres. Pire, comme dans l’ancien Karamoja ougandais, les bergers sahéliens rembarrant leur légendaire bâton, se promèneront bientôt avec un Sam-7 sur l’épaule.
La Libye aura eu peut-être alors son premier régime élu, si la lave échappée du volcanique printemps arabe ne brûlait pas sur son passage le projet démocratique qui constitue l’ultime justification de la guerre préventive contre Tripoli. Et à condition que Kadhafi, que personne ne trouve, perde sa capacité de nuisance, donc de déstabilisation de la Libye. Mais le Sahel qui borde des Etats faibles sera où et fera quoi ? Les pauvres n’ayant pas de mystère, comme on dit, il sera sous la dictée, pas seulement d’Aqmi, mais de toutes les volontés irrédentistes et de tous les chercheurs de sanctuaires : narco magnats, grands évadés, intrigants de toutes sortes. La Libye garde sa nappe, le Sahel est dans la nasse. Dieu est grand et Rasmussen est désormais son prophète.
Adam Thiam
Le Républicain 04/10/2011