Et hop ! Un cycle de périls certes mais de grands profits à l’arrivée sera bouclé. En attendant de nouvelles prises de moins en moins probables parce que les touristes occidentaux ont cessé depuis longtemps de camper autour des oueds et que la sécurité dans les villes sahéliennes se renforce. Mais même si le groupe enlevé à Arlit en septembre 2010 est libéré, il resterait, chez les Salafistes, une Italienne enlevée dans le Sud de l’Algérie et dont on n’a plus de nouvelles. Mais la France achètera-t-elle la liberté pour ces otages-ci après le sort tragique des deux otages enlevés, de manière rocambolesque à Niamey le 7 janvier dernier?
En ouvrant le feu sur les ravisseurs et leurs prisonniers, les Forces Spéciales françaises pouvaient laisser l’impression que Paris avait opté pour la jurisprudence anglo-saxonne contre le paiement de rançons. Mais la libération d’un premier groupe de trois des otages d’Arlit, et pour des raisons qui ne sont pas qu’humanitaires selon les indiscrétions, a semé le doute, confirmant ce que Paris avait lui-même dit : les événements du 8 janvier n’indiquent pas du tout un changement de doctrine.
Alors même que si le montant avancé de la rançon – la centaine de millions d’euros- paraît négociable, Aqmi a mis la barre si haut qu’on la voit mal remettre les otages pour des miettes. Dans ces contrées aux populations tirant le diable par la queue, une nouvelle manne financière achèverait alors de créer une sorte de Brunei du rapt. Cela voudrait dire plus de pouvoir de nuisance pour Abuzeid et Belmokhtar et plus de défis sécuritaires pour un espace sahélo-saharien qui a raison de redouter l’onde de choc de la crise libyenne. Où est donc partie la baraka du Sahel qui comptait les plus vieilles universités du monde ?
Adam Thiam
Le Républicain 23/03/2011