Ce député à l’Assemblée nationale du Mali, passé de l’autre côté, continue de bénéficier de son salaire, qui tombe mensuellement dans son compte bancaire à Bamako. C’est bien lui le négociateur en chef du MNLA. Seulement voilà: le jour même où il était reçu par le Président du Faso, son mouvement rendait publique la liste du Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad. Ibrahim Ag Mohamed Ag Salat est chargé des Azawadi de l’extérieur, des droits de l’homme et de l’action humanitaire.
Cinq jours après, cet organe exécutif de l’Azawad, présidé par Bilal Ag Achérif, était solennellement investi au Gouvernorat de la région de Gao. Où est donc le sérieux dans les négociations? Pendant que Blaise Compaoré tente d’établir un pont avec Bamako, le MNLA accélère les choses et s’installe de façon de plus en plus confortable. Alors, que peut-on négocier avec des éléments disparates sur le terrain?
Certains parlent d’une hypothétique indépendance. D’autres défendent l’instauration de la Charia. Les adeptes de cette dernière sont en ce moment à Ouagadougou et attendent incessamment être reçus par le médiateur de la CEDEAO. C’est un autre député à l’Assemblée nationale, Alghabass Ag Intallah de Kidal, qui conduit la délégation des Jihadistes, incarnés par Ansardine.
Blaise Compaoré peut-il réussir cette négociation sans impliquer à la fois Bamako et le Collectif des élus du Nord ou celui des ressortissants du Nord? La réponse est non. D’entrée de jeu, le médiateur se doit d’être ferme: l’intégrité du territoire malien n’est pas à négocier et la laïcité du pays, conformément à la Constitution, doit être préservée. Tout autre langage n’est qu’hypocrisie.
Après ces deux vérités, le reste peut être mis sur la table: le pardon du peuple, à travers une loi d’amnistie, la réhabilitation politique et militaire des membres de deux organisations, à travers un Accord de réconciliation, de paix, de tolérance, lequel devrait être pratique et fonctionnel.
La grande problématique est de savoir si les combattants, à l’issue de négociations éventuellement concluantes, intégreront pour certains, ou réintégreront pour d’autres, les forces armées et de sécurité? C’est, à notre avis, le talon d’Achille de ces négociations. La situation est aujourd’hui très compliquée. Et l’on ne peut pas imposer sa vision quand on est en position de faiblesse.
C’est pourquoi nous insistons sur le fait que la meilleure issue, la plus favorable pour en terminer pour du bon avec cette rébellion cyclique, demeure une intervention militaire étrangère, sous drapeau onusien. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a d’ailleurs demandé à la CEDEAO et à l’UA de mieux peaufiner leur stratégie pour le chronogramme et les coûts de l’opération et au gouvernement malien de demander officiellement l’envoi de troupes.
Cette solution est plus prometteuse qu’une négociation avec des partenaires peu sincères, qui ne comprennent que le seul langage de la force.
Chahana Takiou
ORTM:
Qui veut salir Aïssata Ibrahim Maïga?
On a l’habitude de dire que l’ORTM est une boite dangereuse, que les gens qui y exercent ne s’aiment pas. Ils tentent même, semble t-il, de s’éliminer par des moyens occultes. La semaine dernière, c’est la méchanceté qui s’est manifestée à Bozola envers une jeune journaliste, Aïssata Ibrahim Maïga, celle-là même qui s’invite souvent dans nos salons à 20 heures. Son seul tort est d’avoir été désignée par le Premier ministre pour couvrir la mission qui l’a conduit à Alger et à Paris, au détriment de son collègue désigné par Bally Idrissa Sissoko. Il est vrai que le choix de la direction de l’ORTM devrait être primordial. Lorsque le chef du gouvernement outrepasse cette décision, on doit le dénoncer. Mais de là à faire des insinuations inacceptables, voire tendancieuses, concernant le P.M et la jeune journaliste, il y a un pas que beaucoup n’ont malheureusement pas hésité à franchir.
Certes, Aïssata Ibrahim Maïga est une charmante demoiselle. Mais, alors que le régime défunt faisait exactement la même chose, personne à l’ORTM ne s’est jamais indigné de la situation. Qui ne sait pas que Saba Sissoko était l’unique journaliste de l’ORTM à couvrir toutes les activités, missions et voyages de l’ex Première dame, Mme Touré Lobbo Traoré? Qui ne sait également que Salif Sanogo était attitré pour les activités de l’ancien Président ATT? La cerise sur le gâteau fut même sa nomination à l’Ambassade du Mali à Washington. Le même Salif Sanogo était le journaliste préféré de l’ancien ministre du Tourisme, N’Diaye Bah, lequel le désignait automatiquement pour tous les festivals et expositions, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Personne à Bozola n’a dénoncé en son temps ces «pratiques injustes». Aujourd’hui, parce que le P.M désigne son journaliste préféré, on y voit quelque chose de douteux, pour la simple et bonne raison que c’est une femme. Mon Dieu! Respectons davantage ces dames, surtout les journalistes femmes et ne voyons pas le Diable partout!
Aïssata Ibrahim Maïga est une femme et une journaliste respectable. Ne cherchons donc pas à la détruire. Elle est en outre très jeune, bien formée professionnellement, et peut apporter beaucoup à notre pays, en contribuant à donner une image positive de notre presse, et non le contraire.
Qu’elle garde la tête sur les épaules et les pieds sur terre, pour ne pas se laisser distraire par ces élucubrations malveillantes. Qu’elle continue à faire son travail, y compris sans renoncer à l’avenir à une autre mission éventuelle avec le P.M. Comme le dit Jean-Paul Sartre: «l’enfer, c’est les autres».
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 18/06/2012