Édito politique LE MALI ET LES NÉGOCIATIONS A ALGER: LE COUT DE LA GUERRE ET LE PRIX DE LA PAIX.

Les négociations viennent de s’ouvrir à Alger entre le gouvernement malien et les groupes armés qui ont pignon sur rue au nord du Mali. Le pays de Boumedienne, acteur clé de cette crise dont l’onde de choc recoupe avec l’élasticité géopolitique du Sahel, joue le rôle de facilitateur. Faire revenir la confiance entre les parties mais aussi recenser les revendications. Ce qui signifie que le médiateur officiel de la CEDEAO, Blaise Compaoré du Burkina Faso, est loin d’être écarté. Il pourra reprendre du service. L’homme fort du pays des hommes intègres, bien que critiqué, a un capital d’expériences en la matière, apprécié surtout de Paris.

Pour qui sait les vases communicants entre la plupart des présidents de l’espace CEDEAO et Paris, le « beau » Blaise a une carte à jouer. A cela s’ajoute le fait qu’une bonne partie des groupes armés le préfèrent. Or ceux-ci après l’affaire Kidal, ont à ce jour des moyens de dissuasion susceptibles de peser et de faire infléchir les positions.

Quant à l’État malien, il n’ignore ni les attentes fortes des maliens ni les pressions de la communauté internationale pressée de voir un accord scellé. L’échange des 86 prisonniers (des deux côtés) car le Mali aussi a fait de nombreux prisonniers parmi les groupes rebelles vise à faciliter l’entame et esquisser la lueur de confiance.

Ressource indispensable à toute poursuite sereine des négociations. Mais l’enjeu pour l’État malien est ailleurs. Comment, après le coût de la guerre, payer le prix de la paix sans heurter l’opinion malienne? Comment prendre en compte les élans d' »autogouvernance » régionale sans toucher au tabou : l’intégrité territoriale du Mali? Comment jouer la régionalisation à fonds comme solution sans créer la dysharmonie dans l’architecture politico-constitutionnelle du Mali, surtout la nature de l’État, à ce jour État-unitaire? Les négociations finiront-elles par produire la réalité d’une fédération que les mots éviteront?

En ce moment crucial, c’est toute la diplomatie de crise ainsi que la communication qui va avec qu’il faut repenser. Il faudra, pourra t-on dire, sauver l’essentiel, le Mali.

YAYA TRAORE

Politologue

DiasporAction.com 2014-07-16  02:04:48