C’est même réclamer ce qui est acquis au Mali depuis deux décennies. Car notre processus de décentralisation a piétiné mais il n’est pas remis en cause. Il prend plus d’importance avec la crise actuelle et ceci en fait une opportunité pour tout le pays. En effet, en Afrique, les guerres inter-états ayant reculé au profit de conflits liés à l’intégration nationale ou au partage des richesses, la décentralisation est la seule réponse démocratique aux velléités sécessionnistes en raison de l’autonomie qu’elle confère aux régions et aux collectivités territoriales. Pour ce qui est du respect et de la protection des Kel Touareg, les écarts récents sont certes déplorables et condamnables.
Cependant, ils sont imputables à l’ivraie plutôt qu’à la bonne graine qui, nous l’espérons, constitue la majorité de la nation malienne. Là aussi, l’exigence du Mnla est recevable. Quant au troisième point de revendication, à savoir la libération des prisonniers détenus par l’armée malienne, il va de soi. Toute négociation étant faite de concessions réciproques. La pertinence et l’urgence de l’apaisement en tout cas paraissent évidentes de part et d’autre. L’Etat central a besoin de régions en paix pour y tenir des élections et pas n’importe lesquelles -elles sont celles de la maturité démocratique ou du naufrage collectif-.
Le Mnla, lui aussi, sait qu’il n’a pas les moyens d’une longue guerre, qu’il ne parle pas pour les populations du Nord qui le fuient au lieu de l’applaudir s’il est représentatif. La paix donc pour très bientôt ? Si Ag Shérif a parlé pour tout son groupe. Si la rébellion n’éclate pas en autant de groupes qui la composent, avec chacun son grief pour refuser la paix. Et si la communauté internationale, -la déclaration hier de Mme Ahston au nom de l’Union européenne augurant d’un pas décisif dans cette direction vient conforter le consensus des partis politiques pour le dialogue.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 07/02/2012