Parce que la nation ne peut pas amortir le choc de violences politiques venant s’ajouter à ce que nous redoutons tous : la chute du Nord aux mains de la rébellion séparatiste du MNLA. Dont Att est la victime collatérale, dont Amadou Haya Sanogo sera la victime collatérale et dont le prochain président élu sera la victime collatérale. Si dès maintenant une alliance sacrée n’est pas convenue et conclue entre nous, fils et filles du même pays. Nous avons un héritage à défendre, celui que les pères fondateurs nous ont légué. Un héritage agressé alors que nos frontières sont reconnues par l’Onu, l’Union africaine et la Cedeao. Et alors que personne ne lève le petit doigt pour condamner l’agression dont le Mali est la victime, non pas parce que l’Azawad correspond à une réalité ressentie, mais parce que ceux qui le veulent, au prix de notre sang, le veulent.
Peu importent les Touaregs et les Arabes qui n’en veulent pas. Peu importent les Sonrais et les Peuls qui n’en veulent pas. Peu importe la position de la majorité des populations desdites zones, la dictature d’une minorité armée faisant loi. Le Mali sans Gao, sans Kidal et sans Tombouctou n’est plus le Mali que reconnaît le droit international. Et qu’on ne vienne pas nous dire que deux tiers du territoire aux mains des aventuriers ne nécessite pas une réprobation et une action internationales. Pas que le putsch du 22 mars soit justifiable mais que l’on ne comprenne pas que la racine de l’instabilité réside dans le Nord du pays. Autant dans la gestion faite de la crise que des mobiles de la crise.
La Cedeao, l’Union africaine, l’Onu, nos partenaires et nos voisins doivent aujourd’hui plus que jamais avoir un contrat avec la nation malienne qui n’est qu’une victime. Reste que c’est à cette nation de résister à la zizanie qui la guette et qui fait justement le lit des dérives sanglantes. Il suffit pourtant, sans jamais renoncer à la poursuite du projet démocratique, et d’un projet mieux surveillé, de reprendre un peu nos esprits, de fermer les yeux, le temps d’une petite prière, et de penser à ceux qui se battent et meurent pour Kidal, Tombouctou et Gao.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 30/032012