Enfin, si rien ne vient remettre en cause ses conclusions, le rapport du collège d’experts présumés crédibles consolide l’axe Paris-Kigali. Sarkozy pourrait alors se congratuler d’avoir réussi ce que n’avait pu ni Mitterrand ni Chirac avant lui. Et Paul Kagamé, lui, de regagner en fréquentabilité. Les palais du monde ne le recevaient en grande pompe sans l’imaginer, le soir du 6 avril 1994, dans les derniers réglages du missile qui a abattu l’avion de Juvenal Habyarimana. Happy end donc pour Kigali ? Car Rosibisa principal témoin à charge contre le président rwandais s’est dédit, allant jusqu’à accuser les services secrets français de lui avoir dicté le contenu de son livre-brûlot.
Et puis Allison Desforges, -morte en 2009- qu’on ne peut pas accuser d’antitutsisme primaire, ne peut plus témoigner contre les excès du FPR. Indiscutablement donc, Kagamé peut mieux respirer depuis hier. Mais, en vérité, son défi n’était pas tant d’invalider la thèse mitterrandienne du double génocide puisque ce chef d’accusation met anormalement les crimes d’un Etat et ceux d’une rébellion sur le même pied d’égalité. Son principal problème, Kagamé le sait, c’est l’arithmétique électorale dans un pays rendu tribal. Ses résultats en matière de gouvernance économique sont louables. Mais le hic pour lui, c’est de libérer la démocratie sans être la première victime.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 11/01/2011