Edito : Parena et Sadi pour quel plumage ?

Le Parena de l’opposant Tiebilé Dramé et Sadi de Oumar Mariko. On peut se garder de dire que le parti Sadi de l’ancien Secrétaire général (fondateur) de l’AEEM est ancré dans la majorité. Il l’était quand il s’est agi de faire élire au deuxième tour, le candidat IBK en 2013, et d’accompagner la mouvance du « Mali d’abord : pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens ». Mais Oumar Mariko, le Challenger du Général Moussa Traoré et du parti unique ne peut plus s’accommoder de l’absence de vision claire dans la gouvernance, faute de feuille de route, conduisant dans une politique d’exclusion, de sectarisme, et l’impasse. Oumar Mariko n’est peut-être plus de la majorité présidentielle, et osons l’écrire il a un pied dans l’opposition, comme l’ADP Maliba du jeune Amadou Thiam. Mais a-t-il encore franchi le Rubicon ?
Dans un pays normal le départ d’un parti comme Sadi pour rejoindre l’opposition, devrait empêcher le pouvoir de dormir, car le parti a un poids et une assise politique réels et d’envergure. Mais comme le Parena, le parti Sadi est confronté au ‘’nomadisme’’ des députés élus sous sa bannière, qui prennent goût à aller ‘’brouter’’ ailleurs. Leur appartenance au mouvement démocratique qui a organisé la contestation et le soulèvement populaire, pour aboutir à l’assaut final contre le régime dictatorial le 26 mars 1991, ne suffit pas pour que les dirigeants du Parena et de Sadi se retrouvent pour un nouveau départ. Le contexte actuel est déterminant pour ce nouveau départ des relations Sadi-Parena, une convergence de vues sur : « la dégradation continue de la situation du pays, l’impasse du processus de paix, la détérioration de la situation sécuritaire, les menaces qui pèsent sur la démocratie et la nécessité de mobiliser les forces vives du Mali afin d’éviter que le pays ne s’effondre à nouveau », selon le communiqué conjoint qui a sanctionné leur rencontre au siège du Parena, le 31 Août 2016. Comme le Parena, Sadi atteste « les graves dérives de gouvernance qui ont émaillé les trois premières années du mandat du Président Ibrahim Boubacar Keita ». Le déclic est sans doute le projet de loi électorale qualifié à juste titre d’anti-démocratique et non consensuel, et le fait qu’il introduit un critère sélectif, excluant bon nombre de présidentiable à la candidature pour l’élection présidentielle. Ce contexte impose un nouveau départ pour mobiliser et exiger le retrait pur et simple de ce projet actuellement examiné par l’Assemblée Nationale. S’agissant de l’impasse du processus de paix et de l’insécurité qui affecte plusieurs régions du pays, les deux partis ont leurs approches désormais assez semblables sur les propositions de solutions, qu’ils seront amenés à faire. La nature et le contenu des nécessaires Concertations Nationales retiennent l’attention des deux partis. Et des réunions de ce genre seront dans les habitudes entre les dirigeants des deux partis pour « resserrer dorénavant leurs liens », et « renforcer leur unité d’action et l’unité d’action avec d’autres forces patriotiques ». Ce qui augure d’un renforcement de l’opposition qui ne rassure pas la tranquillité du pouvoir.
B. Daou