Ils sont apparemment accusés d’être en intelligence avec le Colonel Abidine Guindo, commandant du 33ème Régiment des Commandos Parachutistes du Mali et surtout ancien aide de camp d’ATT, qui aurait échoué à mener un contre putsch, avant de prendre la poudre d’escampette.
Depuis le lendemain du coup d’Etat du 22 mars, des rumeurs courraient à propos du Commandant Konaré. On a entendu tout et son contraire sur lui. Quarante-huit heures avant ces évènements, il nous était revenu qu’il s’était exilé à Niamey. On comprend aisément aujourd’hui, le sens de toutes ces rumeurs. En fait, on préparait une certaine opinion à son arrestation et on veut faire croire à celle-ci qu’il préparait un putsch. Comment un pilote de l’armée de l’air, en service à la Sécurité d’Etat, sans troupe sous son commandement, pourrait conduire un coup d’Etat ? Pour nous, simples profanes, c’est difficile à comprendre.
Quant au Colonel Cissé, un officier émérite qui a beaucoup contribué à la résolution de la rébellion des années 90, les membres du CNRDRE n’ont pas compris, semble t-il, que, depuis le 22 mars, il ne soit pas venu à Kati leur prêter allégeance de façon officielle, contrairement aux autres chefs militaires. La moindre faille constituait alors pour eux un bon prétexte pour l’abattre, et tout porte à croire qu’il a été bien trouvé.
S’agissant du Général Sissoko, alias «Man», son seul tort est d’avoir été parmi le premier carré de fidèles du Président déchu, ATT. Il avait été arrêté une première fois avec la vague des 22 personnalités civiles et militaires. Le voici de nouveau entre les mains des éléments du CNRDRE, les nouveaux maitres de Bamako.
Maintenant, il faut éviter l’amalgame et agir en vérité. La junte, qui a procédé à ces arrestations, doit s’en laver les mains et confier l’affaire à la justice, militaire ou civile, pour mener des enquêtes et situer les responsabilités des uns et des autres dans le contre coup d’Etat avorté. C’est un domaine militaire, supposé réservé aux seuls initiés. Mais nous souhaitons en savoir davantage. Nous voulons savoir ce qu’on reproche réellement à ces officiers, proches des anciens Présidents Konaré et Touré. Et nous voudrions croire qu’il ne s’agit pas d’un règlement de comptes personnels ou politiques, puisque les amis de circonstance du CNRDRE aujourd’hui ont été des opposants à la fois de Konaré et de Touré.
Qui en veut à Konaré peut bien l’atteindre à travers son fils ou son ancien aide de camp. De la même manière, à défaut de mettre le grappin sur ATT, un raccourci permettrait d’inquiéter ses proches. Autant nous avons dénoncé les arrestations arbitraires récentes, autant nous ne saurons cautionner d’éventuels règlements de compte, de quelque nature qu’ils soient. De même que nous ne saurions accepter l’impunité, si réellement, il y a eu faute. Alors, où va le Mali, si l’on continue les arrestations dans la plus grande opacité?
La seconde information est relative à la réponse du berger à la bergère, c’est-à-dire la réplique de Dioncounda Traoré au Capitaine Sanogo. Celui-ci avait déclaré, suite au sommet de la CEDEAO du 26 avril: «Dioncounda ne dépassera pas les 40 jours d’intérim». A la faveur du Sommet de la CEDEAO du 3 mai à Dakar, le Président intérimaire a affirmé: « Je pense que je suis la solution. Si je devais être un problème pour le Mali, je ne dépasserai pas d’une seconde les 40 jours d’intérim». Par cette réaction, Dioncounda prouve qu’il a la carrure d’un homme d’Etat et qu’il ne s’accrochera pas au pouvoir pour faire mal à son peuple.
Voilà un homme qui était parmi les favoris de la présidentielle annoncée de 2012 et qui a accepté faire le deuil de cette ambition pour aider le Mali à sortir du trou. Malheureusement, des appétits politiciens mesquins veulent torpiller cette solution, la plus proche de la Constitution et la plus légitime, politiquement parlant, qui cadre parfaitement avec la prorogation du mandat des députés prévue dans l’Accord – Cadre du 6 avril, signé par la CEDEAO et le CNRDRE. Qui mieux que Dioncounda pour diriger la transition?
Dans le landerneau politique, il est même davantage loti que nombre d’autres pour conduire, même par défaut, la transition, même si, au sein de l’armée ou comme le souhaitent vivement certains civils, au premier rang desquels la COPAM, le Président du CNRDRE serait le mieux placé pour le faire. Mais, dans un système démocratique, et comme l’a décidé la CEDEAO, il est évident que les militaires doivent désormais retourner dans les casernes pour s’atteler à leurs missions régaliennes de défense du territoire national. Alors, encore une fois, où va le Mali, si certains s’obstinent, on ne sait pourquoi, à préconiser une transition présidée par un militaire?
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 07/05/2012