Et surtout il a l’espoir que tout rentrera vite dans l’ordre pour que soient préservées la beauté et l’honneur non pas d’un Etat qui se cherche une nation mais d’une nation qui a encore à inventer l’Etat de son poids, de ses valeurs et de ses défis. Mais tout le monde, hélas, n’est pas Ibrahim. Et en dépit des messages du président de la République, du Haut Conseil Islamique et des Ressortissants de Tombouctou, messages d’apaisement et de solidarité, les rues de Bamako se sont vidées de Touaregs et d’Arabes.
La psychose monte et aucune incantation n’arrêtera les mouvements d’humeur, l’arme dévastatrice de l’amalgame, la haine facile et leur triste corollaire: le chemin des réfugiés pour ceux qui ne sont pas moins Maliens que quiconque, qui n’ont tiré ni à Aguel Hoc ni à Niafunké et qui, comme tout patriote, souhaiterait que force et moyens restent à la République. Au vertige qui sait saisir des foules en colère, le discours ne suffit pas.
La protection que l’Etat doit à chaque citoyen n’est pas négociable. Et en ces heures douloureuses pour nous tous, ceux qui se battent pour la République, les veuves des soldats tombés, les populations prises entre deux feux. Et tous ceux qui craignent pour la suite, c’est-à-dire le pays dans les jours et les mois à venir. Le Mali dont il a été dit qu’il ploie mais ne rompt pas mais que ses enfants agressent tous les jours et plus que de raison.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 02/02/2012