Edito / Nine eleven et dix ans après


D’abord celle de l’Amérique  au mythe d’invincibilité brisé par une poignée de jihadistes. Incroyable illustration de la vulnérabilité prouvée : l’image d’un Georges Bush incrédule, humilié et scotché à une chaise d’une école primaire en Floride. Et puis les  tours jumelles s’effondrant, dans une tragédie synchronisée sous le regard hébété d’une foule qui ne pouvait offrir plus qu’un « my God » larmoyant, Et puis le Pentagone soufflé dans l’aile du bâtiment où se réunissaient les généraux les plus puissants au monde.

Et là, la légende de l’Amérique a pris un sacré coup, malgré les discours de reconquête entendus, l’exploit des drones, la précision chirurgicale des missiles et le charme nouveau d’une nation post-raciale dirigée par un président au père kényan alors qu’ Alassane Dramane Ouattara né en Côte d’Ivoire n’arrivait pas à faire admettre son ivoirité. Mais le 11 septembre, c’est aussi le risque pris par Ben Laden et Compagnie contre  l’Islam qui, en dépit des propos officiels, est devenu davantage incompris, voire classé dangereux. Au point de justifier une guerre, velléitaire il est vrai, de « civilisation ».

Le carnage d’Oslo par un illuminé chrétien relativise la perception, il ne la détruit pas. Enfin le 11 septembre,  c’est l’histoire du mal soigné à ses branches plutôt qu’à ses racines. Car ne l’oublions jamais, si Ben Laden est devenu plus audible dans les mosquées que l’Imam Tantawi, ce n’est pas parce qu’il était meilleur exégète que le savant égyptien. C’est parce qu’il avait su faire de la douleur de la Palestine son principal levier. Or non seulement le problème est resté entier. Mais la mort  du milliardaire jihadiste tombé après dix ans de traque par une internationale de la battue armée jusqu’aux dents n’a pas mis fin au péril extrémiste. Au contraire, les ceintures explosives se sont délocalisées et sont autant de menaces contre plus de pays qu’avant le 11 septembre 2001.  

Adam Thiam

Le Républicain 12/09/2011