Voilà ce qui est inscrit dans les manuscrits de l’érudit Ahmed Baba et de ses héritiers, voilà ce que contiennent les vestiges-reliques de mille ans d’histoire et de commerce de l’esprit. De grands esprits qui ont impacté, avec la grâce des écritures saintes et les arabesques savantes, l’âme d’hommes et de femmes conscients de la bienveillance divine à leur égard. Dès lors plus rien ne compte. Notre histoire est dans notre cœur, notre foi, inébranlable est dans nos gènes, notre culture respire par tous nos fibres. Définitivement.
Nous ne les monnayerons jamais, surtout pas à ceux qui se disant musulmans, tuent d’autres musulmans, au nom de l’Islam.
Quelle absurdité que de vouloir islamiser un pays et un peuple qui ne vivent que tendus tout entier vers Allah, comment prétendre islamiser une ville qui a traversé les âges, gagné en renommée, par sa piété et sa sainteté ? Le sanctuaire, avant aujourd’hui et même hier, de la foi la plus vibrante, de la foi la plus ardente ?
Il y a environ un siècle , dans cette autre ville sainte, chère à nos cœurs de Maliens, à nos âmes librement soumises au tout puissant, au Maître des mondes , un saint-homme fut arrêté dans le noble pays de Nioro et déporté par le colonisateur impie, qui en représailles contre sa foi et son engagement au service des siens, lui confisqua son chapelet. Il leur dira : « Oui, vous pouvez m’enlever mon chapelet, vous pouvez m’enlever tout ce que vous voulez mais jamais ma foi jamais pas mon âme. La même réponse vaut aujourd’hui.
Tombouctou n’est pas Tombouctou pour rien, Gao n’est pas Gao pour rien, Djenné Kidal, Douentza, Léré, Koro, Hombori Ménaka, Bourem, Tessalit, Aguel’hok… ne sont pas de simples passages touristiques, des points anonymes sur le tracé du monde. Ils sont la Baraka de mille fois, mille ans de piété, de dévotion et de labeur. Ils ont appris à ne jamais s’étonner de l’éventualité ni surpris par l’advenu et du sort. Et pour cela toujours prêts à se relever.
Et pour cette raison, aujourd’hui, notre conscience et notre exigence citoyenne d’un droit à l’existence, celle que nous nous sommes donné, s’exprimera aux portes de nos autorités, à la place de l’indépendance, au cœur de Bamako, pour obliger à la riposte pour notre honneur blessé, mais jamais terrassé. Il est de vaincre et nous ne mourons pas avant.
S.El Moctar Kounta
Le Republicain