Edito national / Perdons-nous vraiment le Nord ?

Car il y a déjà  trois colonels : Mohamed Najim, de la tribu des Idnan, ancien officier à Sebha ; Assalat Ag Habbi, de la tribu des Chamanamas, déserteur de l’armée malienne ;  Sidi Lamma, de la tribu des Ifoghas, ancien patron du camp de formation des mercenaires à Sebha.

Depuis le Tora-Bora malien de Ménaka-Kidal, le trio brandit la  carte de la République  exigée de l’Azawad. Griefs ? Il ne peut y en avoir de nouveaux car les meneurs du mouvement, viennent, eux-mêmes, de retourner au pays après des décennies d’absence pour la plupart de nos compatriotes de retour de Libye, pays dont ils possèdent également la nationalité. Mais, le Nord, vaste région aux besoins de développement immenses malgré les efforts de l’Etat, les deux dernières décennies, offre toujours une excuse pour la chicane.

Les moyens dont dispose cette rébellion potentielle? Peut-être plusieurs centaines de combattants qui se sont servis dans les entrepôts bien fournis de Kadhafi. La  sourde légende du Nord veut en plus que leur arsenal soit du dernier cri et bien plus dissuasif que la traditionnelle kalach. Restent les nerfs de la guerre : l’argent pour tenir, des munitions et des provisions sur la durée et une base arrière pour les replis stratégiques.

Pour la base arrière, les perspectives ne sont pas bonnes pour une éventuelle rébellion armée. Pompier ou pyromane quand elle le voulait, la Libye du Guide a bien d’autres incendies à éteindre. Quant à l’Algérie, sa stabilité et son intégrité peuvent être autant menacée par un mouvement que l’on pressent identitaire et parti pour parler au nom des minorités Tamasheq de l’Azawad ainsi que de ses prolongements nigérien et algérien. Mais peut-être que les coups d’éclats, les braquages, la psychose de l’insécurité suffisent déjà pour une zone déjà grosse d’autres menaces.

Adam Thiam
Le Républicain 01/10/2011