Mais -deuxième explication -, il se peut bien que les Maliens continuent de se moquer des échéances électorales comme de l’an quarante. Notamment la jeunesse, celle qui constitue la masse critique et qui devrait avoir la vigilance comme devise et être l’objet de toutes les attentions. Si l’hypothèse de l’indifférence se confirme, alors 2012 ne sera pas, comme doivent le souhaiter tous ceux qui ont souci de ce pays auquel on a trop pris, le Waterloo du seul nombril et de l’argent-roi. Car seule une telle combinaison peut produire des troisièmes tours monnayés dans l’antichambre du juge, des urnes enlevées en plein jour, autant de requêtes que d’électeurs. 2012, nous semblions pourtant tous d’accord là-dessus, devrait nous propulser au rang des pays qui savent voter en toute convivialité et en toute transparence.
Hélas, la mobilisation citoyenne pour les révisions en cours n’incite pas à anticiper de rendez-vous sacré avec l’avenir de la nation où chaque bulletin mis dans l’urne est une résolution pour nos enfants et nos familles. Est-ce dû à l’échec des partis ? Sans doute, peu d’entre eux investissent sur la formation du militant et tous en ce moment sont préoccupés à constituer leur trésor de guerre pour avril 2012. Mais ne versons pas dans les facilités coupables car c’est à l’Etat qu’incombe le plus les tâches de mobilisation, d’encadrement et de politisation du peuple. Avec pour corollaire, la discipline et le sens de la patrie, valeurs motrices d’un pays qui veut aller de l’avant. A défaut, ce sera l’Etat parallèle avec ses opulences protégées et ses masses en crise. Dont une jeunesse qui a pourtant les armes du combat.
Adam Thiam