Au temps de la colonisation, les puissances étaient capables de coloniser à tête reposée, c’est-à-dire que les « missions » (le même mot, tiens !) se succédaient au fil des années jusqu’à complète soumission du territoire, qui changeait de nom au fur et à mesure qu’il s’agrandissait. C’est que la seule contrainte était l’opposition des autres puissances, et non la résistance, si tenace fût-elle, des pays à conquérir. De même, aujourd’hui, les missiles et les drones permettent de gagner les guerres sans perte ou presque. Plus dissuasives que la bombe atomique (dont l’emploi pose des problèmes d’éthique, depuis les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki), ces armes sont d’excellents moyens de négociation.
Les stratèges pensent que c’est l’arme absolue, contre laquelle il ne reste plus que la riposte par attentats suicides, qui ne sauraient remplacer une armée. Ce qui se jouait à Bamako à la réunion des chefs d’état-major de la CEDEAO du lundi 5 novembre, ce n’était pas la mise au point de je ne sais quel concept stratégique, mais bien le niveau d’entente entre puissances rivales : l’Occident d’un côté, la Russie et la Chine de l’autre. Si Ançar Dine renonce au terrorisme, c’est-à-dire à la rébellion armée, ce sera à cause de la menace des drones et des missiles intercontinentaux qui ont fait tomber Kadhafi. Aucun des pays commanditaires de la MICEMA ne possède ces armes sophistiquées. C’est donc pour les puissances que la CEDEAO et Blaise Compaoré négocient.
Ibrahima KOÏTA
LE JOURNAL DE MADIKAMA 08/11/2012