Edito L’impossible convention de Sanogo

Il estime, en effet, que c’est une «solution à la malienne», laquelle serait élaborée par toutes les forces vives de la nation. Le président du CNRDRE, plagiant d’ailleurs Dioncounda Traoré a déclaré que son Comité «ne sera jamais un problème, mais plutôt une solution… Nous avons décidé de demander de façon désintéressée à Son Excellence Monsieur le Premier ministre, dès aujourd’hui, d’organiser une convention avec toutes les forces vives de la nation, sans exception aucune».

Mon Dieu! Quelle autorité le Capitaine Sanogo représente-t-il? Quels pouvoirs lui confère la Constitution, ou même l’Accord – cadre? Peut-il donner des instructions au Premier ministre?

A notre entendement, le Président du CNRDRE, jusqu’à preuve du contraire, ne représente aucune autorité et ne détient, en conséquence, aucun pouvoir, en dehors de celui des armes, que le monde moderne actuel ne reconnait plus. Il ne peut donc donner aucune instruction au chef du gouvernement, a fortiori celle d’organiser une convention, laquelle engagerait toute la nation. Le fait que l’initiative vienne du Capitaine Sanogo rend donc cette proposition irrecevable. Elle est pour ainsi dire impossible, mort-née même.

C’est peut-être la principale raison pour laquelle Cheick Modibo Diarra n’en avait toujours pas parlé au moment où nous mettions sous presse. Rares sont, à l’heure actuelle, les forces vives de la nation qui y ont adhéré, excepté la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), dirigé par le syndicaliste Hammadoun, Amion Guindo. Disons-nous la vérité: est-il raisonnable d’envisager d’organiser un forum digne de ce nom avant la date fatidique du 22 mai? Quels en seront les termes de référence? Qui seront ses participants? Le véritable enjeu d’une telle rencontre, c’est bien la qualité des participants, parce c’est à eux qu’il reviendra, en définitive, de «choisir le Président de la transition». Eh bien non! Ce poste est trop important pour  que l’on désigne celui l’occupera de cette façon là.

Du moment que nous avons un partenaire qui s’appelle la CEDEAO, qui s’appuie à la fois sur la Constitution du Mali et sur l’Accord-cadre, interrogeons ensemble les textes et voyons le candidat qui est le plus proche de la Constitution. Une chose est certaine: ce n’est pas le Capitaine Sanogo, dont la place se trouve dans les casernes. Ce n’est non plus un religieux (ni l’Imam Mahmoud Dicko, ni Monseigneur Jean Zerbo, ni le Pasteur Kassoum Coulibaly). Ceux-ci préfèrent la mosquée, le temple ou l’Eglise au palais de Koulouba. Le président de la transition ne peut être qu’un homme politique.

Le plus cité aujourd’hui, c’est bien IBK, le Président du RPM, réputé pour sa fermeté et sa rigueur face à la chienlit. Mais ce denier, député à l’Assemblée nationale, ne peut avoir une légitimité plus forte que celle de son Président, Dioncounda Traoré, quel que soit ce que les uns et les autres pourraient lui reprocher comme talon d’Achille. Il est et demeure, à notre avis, le plus légitime, en sa qualité du chef de l’institution parlementaire, laquelle devrait continuer à œuvrer durant toute la période de la transition. C’est pourquoi 22 Septembre persiste et signe: Dioncounda Traoré est le plus proche de la Constitution. Aussi soutenons-nous la position de la CEDEAO, qui nous parait juste, impartiale et désintéressée.

Le Capitaine Sanogo doit donc se tenir tranquille, pour éviter les sanctions qu’il encourt  de la part de la CEDEAO en perturbant la transition. Il doit se tenir tranquille pour éviter également à son peuple, qu’il dit aimer tant, d’être sous embargo à cause de ses agissements. Que Dieu sauve le Mali!

Chahana Takiou

Le 22 Septembre 17/05/2012