Pour ce qui est du Mali, ce pays que nous perdons un peu tous les jours, ce qui attire l’attention, c’est la volonté nettement marquée du pouvoir de communiquer en temps presque réel les péripéties de sa sale guerre. D’où la mise au point du ministre de la Défense, le Général Yamoussa Camara hier sur les ondes. L’officier dit deux choses importantes : un, il n’y a pas eu d’accrochage avec les assaillants mais des tirs de sommation de l’armée malienne. Deux, démentant l’info d’une télé étrangère, Camara affirme qu’aucun soldat malien n’a été fait prisonnier.
Communiquer adroitement et de manière proactive pour éviter les tragiques flottements de janvier-mars 2012 est un pas à encourager dans la bonne direction. Toutefois, communiquer ne change pas le fond du problème et la preuve réside dans le fait que le ministre parle de «notre dispositif défensif» et que la radio sur laquelle il est intervenu continue de parler de face à face entre l’ armée malienne et l’ennemi ou encore de ligne de démarcation. Il va donc falloir faire comprendre au peuple pourquoi nos soldats font seulement face à l’ennemi à un jet de pierre.
Il va falloir leur expliquer également pourquoi on parle de ligne de démarcation dans un pays dont le slogan le plus utilisé est qu’il est un et indivisible. Puisque ni ce slogan ni les mises en garde du Quai d’Orsay ne semble avoir de l’effet sur le rouleau compresseur jihadiste qui n’avancera que contre l’islam de la majorité des Maliens et l’ordre public. L’aventure Aqmi est en tout cas à un tournant : elle se brise contre les digues du Mali remobilisé ou elle nous emporte avec tous les remparts et les serments de notre hymne national. Quels temps !
Adam Thiam
Le Républicain 2013-01-09