Si la tentative de manifester pour désapprouver, rejeter, voire détester les forces françaises Barkhanes par une frange de la population malienne a été infructueuse à cause du refus des autorités, force est de reconnaitre que le sentiment antiforces françaises est en pleine croissance au sein de la population, qui s’interroge sur l’utilité de ces forces alors même que les attaques se multiplient et l’insécurité est grandissante.
En effet, quand les organisateurs de la manif, empêchée à coup de matraque et de gaz lacrymogène le 20 janvier 2021, ont demandé le départ des forces françaises du Mali, ils n’ont pas perdu de vue la faiblesse, voire l’incapacité des forces de défense et de sécurité du Mali à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens et surtout à combattre les terroristes, mais ils semblent vouloir dire que Barkhane ne fait pas assez, en dépit de ses moyens matériels et humains.
Ben Le cerveau et ses compagnons de lutte comme l’ancien député Moussa Diarra et l’activiste Kemi Séba, savent pertinemment que l’armée malienne n’est ni formée encore moins préparée à faire face à la guerre asymétrique imposée par les terroristes.
Les organisateurs de la marche dite antiforces françaises ont voulu lancer un message clair à la France pour qu’elle change de fusil d’épaule dans son combat contre les terroristes
D’ailleurs, comme les animateurs de la manif avortée, beaucoup de maliens ont également le sentiment que la France a un autre agenda différent de celui de l’écrasante majorité du peuple, qui n’aspire qu’à la paix et à la stabilité.
Ils pensent que Barkhane ne fait pas assez et affirment qu’elle n’agit que lorsque ses positions sont attaquées ou bien quand elle perd des hommes du fait des terroristes.
Alors qu’au même moment des soldats maliens tombent quotidiennement et des pans entiers du Mali sont sous la coupe réglée des terroristes.
Barkhane dispose des moyens adéquats tant matériels qu’humains lui permettant de combattre le terrorisme ou tout au moins d’aider l’armée malienne à accomplir sa mission régalienne, à travers des renseignements et d’appui logistiques.
Pourquoi les autorités maliennes ont-elles empêché la manifestation ?
Les autorités maliennes, en empêchant des citoyens d’exercer leur droit civique, ont non seulement fait preuve de légèreté et de complicité tacite avec la France, mais aussi et surtout ont violé la Constitution.
Le prétexte fallacieux de la COVID-19 ne saurait prospérer, car l’imam Dicko a été accueilli par des milliers de ses sympathisants.
Mieux encore la France, pays des Droits de l’homme et de liberté, n’a pas interdit aux maliens d’exprimer leur ras-le-bol sur son sol en dépit de la propagation de la pandémie à Corona Virus.
Il y a comme une volonté manifeste de la part des autorités de la transition de museler toute opposition.
Cette volonté de bâillonnement de toutes voix discordantes de la part des hommes forts de la transition est aux antipodes des valeurs de démocratie et de liberté conquises par le peuple malien au prix d’énormes sacrifices en mars 1991.
Les nouveaux maîtres du Mali ont alors intérêt à s’adapter au nouveau contexte pour ne pas être surpris désagréablement, car rien, ni personne ne saurait arrêter la marche du progrès et de la démocratie, amorcée par le vaillant peuple malien.
Youssouf Sissoko