En plus de la délicatesse, il y a la rationalité : ce n’est pas l’initiateur de la réforme qu’il l’appliquera mais son successeur auquel, curieusement, la constitution donne le droit, s’il le veut, de « réviser la révision ». Naturellement, les gros échecs de communication essuyés sur le code des personnes ainsi que sur une réforme aussi humanitaire que l’Assurance maladie obligatoire, devraient également pousser à la prudence. Car penser que déposer le projet sur la table de l’Assemblée nationale, c’est le déposer dans chacun de nos maisons serait encore une tragique erreur. Les travers de la démocratie tropicale faisant des députés plus le peuple des élus que les élus du peuple, l’appropriation citoyenne de la réforme sera le seul gage d’une adhésion massive des populations au projet présidentiel. Le travail de persuasion en amont du référendum est à cet égard décisif.
Politiquement, ce n’est pas un référendum, c’est son plébiscite que le président Touré propose. Et il sera instructif de voir combien de ses compatriotes se seront mobilisés. Le référendum pourrait-il d’ailleurs se tenir avec le fichier Ravec? Le président ne le dit plus. Il ne l’a pas dit, en tout cas, samedi où il nous a parlé. Pourtant la question du fichier électoral fera des vagues malgré la majorité présidentielle désormais hégémonique.
Le projet de constitution passera directement du gouvernement au parlement, économisant l’étape de l’interaction citoyenne avant le référendum. Une telle étape est pourtant un bon baromètre de l’accueil fait au projet. Mais heureusement ou malheureusement pour Mariam Kaïdama Cissé, les Maliens, dans leur majorité, n’auront les yeux rivés que sur leur marmite. Et Bamako sur les deux ministres de l’Education qui auront besoin de maîtriser les techniques du close-combat.
Adam Thiam
Le Républicain 10/04/2011