Pourtant, dans sa charte constitutive, l’Union africaine est généreuse en profession de foi démocratique. Elle clame sans sourciller que sa finalité est la bonne gouvernance. C’est au nom de cela qu’elle condamne sans désemparer et à juste titre les coups d’état, les « ruptures de légalité » comme elle le dit.
Mais c’est pour cela qu’elle devrait condamner chaque fois qu’une armée décharge ses fusils sur son peuple, chaque fois qu’un manifestant pacifique est tombé sous les balles de la répression. Parce que la bonne gouvernance c’est le pouvoir bridé des gouvernants par le contre-pouvoir des gouvernés.
Dommage qu’à Addis-Abeba et dans bien d’autres capitales africaines, le silence l’ait emporté sur un bruit qui était ici nécessaire. Surtout dommage que l’Union africaine ait raté l’occasion de signifier sa sympathie et sa solidarité aux peuples d’Afrique du Nord qui avaient besoin d’une voix de réconfort. L’Union des peuples qui est un objectif assigné à l’Union passe aussi par là, au-delà des festivals et des sommets qui réunissent les jeunesses des Etats membres. Il faudra juste maintenant après les opportunités manquées se demander quel crédit restera à l’organisation continentale à la fin de ce cycle de colères justes et de révoltes légitimes pour une Afrique qui gagne.
Adam Thiam
Le Républicain 22/02/2011