Et pas la Palestine, une nation délogée de sa terre, prisonnière chez elle, seule avec sa longue douleur, les larmes de ses veuves et ses enfants privés d’aires de jeu. Mais de la terre brimée des apôtres on reparlera. Revenant à la Libye, il faudra s’y résoudre : le système Kadhafi est bel et bien fini. Sa force, c’était l’Etat, les richesses du peuple gérées dans l’opacité et puis la captivité de toute une nation. Contre mauvaise fortune faire bon gré relève désormais d’une realpolitik qui s’imposera à tous, y compris les voisins de la Libye.
Et si au bout, s’annonce la démocratie même arrachée à la canonnière, tant mieux. Mais revenant à la Libye, il nous faudra bien méditer les limites de la communication anesthésiante des forces de l’Otan qui savent les divergences béantes parmi des vainqueurs trop tôt déclarés. Car même composer un petit gouvernement de service après vente juste pour reconduire l’Otan est devenu la croix et la bannière. Oui, revenant à la Libye, il nous faudra bien méditer, devant le carnage de Beni Walid et de Syrte, les limites de l’enthousiasme contre les avantages du métier, les insurgés étant en passe de devenir la triste chair à canon d’une guerre par procuration. Enfin sur la Libye, il nous faudra envisager même le scénario cauchemar : l’Otan n’ayant plus rien à bombarder mais trop préoccupé par son opinion publique pour envoyer des troupes aguerries au sol et en face un pouvoir vaincu mais pas éradiqué, avec suffisamment de capacité de nuisance pour faire du Sahel le havre de nouveaux shebabs. Le pétrole était l’objectif, le chaos se profile comme le résultat.
Adam Thiam
Le Républicain 20/09/2011