Du pain dont Alassane Ouattara n’aimerait pas goûter même si, au fond, Addis Abeba a reconnu sa légitimité que plusieurs leaders de la zone Sadec contestent pourtant, certains ouvertement, d’autres dans les coulisses. Le décryptage de la décision de l’Union africaine ne rassurera pas davantage le camp Ouattara. Le premier constat est que la Cedeao semble avoir perdu la main sur la Côte d’Ivoire qui devient maintenant l’affaire de tout le continent à travers chacune de ses régions représentées par un président.
Autre constat à anticiper, l’interaction de ses différents éléments de la curieuse chimie africaine ne manquera pas de sel. Compaoré, l’ancien médiateur de la crise ivoirienne mais qui passe depuis pour un faucon prêt à bondir sur Gbagbo sera étroitement marqué par Jacob Zuma qui, on le sait, ne déborde pas de sympathie pour Alassane Ouattara. Entre les deux pôles que constitueront le Burkinabé et le Sud-africain, oscilleront le Mauritanien Abdel Aziz, le Tchadien Deby et le Tanzanien Kikwete. Les deux premiers sont très proches de l’Elysée et le dernier est un des démocrates africains les plus adulés à Washington.
Si les positions française et américaine ne varient pas, les soucis ne seront donc pas terminés pour Gbagbo qui, pour beaucoup, est un exemple susceptible d’être contagieux dans un continent en année électorale. Dernier élément à décrypter : la formule très énigmatique de décision contraignante pour les deux parties ! On aurait pensé, pour la cohérence, que la seule contrainte pour le président déclaré élu est de s’installer aux commandes du pays. Il se trouve heureusement que pour Ouattara cette « contrainte » est également une exigence. Le quintet africain pourrait-il aller jusqu’à décider que Gbagbo doit partir mais qu’Ado ne peut pas venir? Chuutt !
Adam Thiam 02/02/2011