Edito : Le Mali est-il asphyxié ?

Cette question mérite d’être posée quand on sait que rien ne bouge depuis l’investiture d’IBK pour son second et dernier mandat, du moins sur les plans social et économique. L’économie est en berne et le taux de chômage est très élevé, malgré le satisfecit des autorités qui ne cessent de vanter le taux de croissance. L’insécurité, ce nud gordien que le gouvernement n’arrive pas à trancher, est loin de reculer, malgré la mort de Kouffa, parce quelle est liée à l’extrême pauvreté qui s’est d’ailleurs transformée en une misère noire. Rares sont les foyers au Mali qui assurent un bon repas au quotidien. Ils sont peu nombreux, ceux qui font face aux frais de scolarité de leurs enfants ou qui satisfont à leurs besoins de santé. Alors, dans ces conditions exécrables, comment pourrait-on empêcher les jeunes à ne pas être candidats au Jihad ou à l’immigration ? Ces jeunes candidats au Jihad, à défaut d’avoir l’éphémère bonheur dans ce monde ici- bas, « préfèrent se consacrer à Allah pour être dans son paradis éternel ». Par contre, ceux qui aspirent à un lendemain enchanteur et qui pensent que l’Occident est l’Eldorado, n’hésitent pas à braver les obstacles pour tenter de se rendre en Europe, à la recherche du bonheur ou tout au moins pour fuir la misère ambiante de leur pays. Et cela, souvent au prix de leur vie.
Il y en a qui ne sont ni candidats au Jihad, ni à l’immigration et qui ont choisi de se battre dans le pays. Ils sont à la fois fonctionnaires de l’État et des Collectivités, des commerçants et autres cadres et agents du secteur privé. Tous ont en commun aujourd’hui la pauvreté.
En effet, les fonctionnaires, tant de l’État que des collectivités accusent, depuis deux mois, de retards de salaires. Toutes choses qui influent négativement sur leur vie. Quant aux commerçants, beaucoup ont mis la clé sous le paillasson faute des ressources financières et de clientèle. La plupart d’entre eux n’arrivent plus à s’approvisionner car ils ont leurs mandats bloqués au Trésor, parce que les caisses sont vides. Comment dans un pays à faible taux d’industrialisation, les commerçants qui contribuent à renflouer les caisses, pourraient être relégués au second plan ? C’est pourquoi, les Douanes et les Impôts qui sont les deux vaches grasses du gouvernement et dont les 80 % des ressources proviennent de ces commerçants, sont en difficultés de recouvrement.
En somme, l’asphyxie est générale et c’est ce genre de situation qui exaspère les citoyens et préparerait le lit à une révolte sociale. Il revient aux gouvernants de tout mettre en œuvre pour une réponse diligente à la crise sociale.
Youssouf Sissoko
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