Ce serait une erreur à la fois analytique et politique de penser que la situation qui prévaut actuellement est porteuse d’espoir pour une fin heureuse de la transition.
L’atmosphère de ni paix, ni guerre ne présage nullement un lendemain enchanteur pour les tenants du pouvoir.
Jugez-en vous-même, six mois après le début de la transition, aucune réforme censée amorcer un tournant décisif permettant une organisation parfaite des élections n’est toujours pas visible.
L’organe unique de gestion qui a été proposé par la classe politique est rejeté au motif que le temps est court, et pourtant c’est un document de 29 pages faisant office d’une déclaration des actions gouvernementales de la transition que le premier ministre Moctar Ouane a présenté devant le Conseil National de la transition.
En douze mois, le gouvernement veut toucher à tous les secteurs, mais il n’est pas prêt à mettre en place un organe unique de gestion des élections.
C’est fort de ce constat peu reluisant de la gestion de la transition que les forces sociopolitiques ont tiré la sonnette d’alarme pour rappeler au régime transitoire qu’il est sur une mauvaise piste.
Qui ne se rappelle pas de la sortie de l’ex-autorité morale du M5RFP, en l’occurrence l’imam Mahmoud Dicko, qui dans un discours, a fustigé le comportement des autorités de la transition avant de tendre sa main aux forces patriotiques pour un large rassemblement afin d’imposer le changement pour lequel des jeunes gens ont perdu la vie ?
Comme si cela ne suffisait pas, le M5RFP a enfoncé le clou en demandant la tenue des assises nationales de la refondation du pays afin de rectifier le tir maladroit des tenants du pouvoir.
L’ex majorité n’est pas restée en marge, elle est également d’avis que pour des élections transparentes crédibles dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs, il faut un organe unique de gestion.
Le conseil national de la société civile, les organisations syndicales et même celles chargées de la supervision des scrutins électoraux ont recommandé aux autorités d’accéder à la demande de mise en place d’un organe unique.
C’est face à la rupture de confiance entre gouvernants et classe politique, provoquant une situation délétère, qu’il faut craindre une tempête, soit avant, soit pendant, ou après les élections, car les acteurs censés être des partenaires se regardent en chiens de faïence.
Comme pour dire que sauf changement de paradigme de gestion, la crise serait inévitable.
Youssouf Sissoko