La première, c’était quand le président au faîte de sa gloire et de sa respectabilité inventa le tazartché et voulut y faire goûter tout le monde. Issoufou lui montra, avec une ardeur qui ne se relâchera jamais, qu’il ne mangeait pas de ce pain-là. L’ingénieur fut de toutes les coalitions et de toutes les actions pouvant empêcher Tandja de réaliser son dessein. Jusqu’au jour fatidique du 18 février où le vieux chef d’Etat se retrouva sur un matelas une-place, cravaté par sa garde prétorienne en laquelle, il avait manifestement placé une confiance exagérée. La seconde défaite du Général déchu est dans la défaite de son ancien Premier ministre Seyni Oumarou. Pour beaucoup ce challenger n’allait être que la voix de son maître, faire du Tandja sans Tandja en somme.
Et cette peur a joué. Est-ce à dire donc que le Niger a plus voté contre Oumarou que pour Issoufou ? Ce n’est pas si sûr. Ils étaient une belle brochette au départ dont l’ancien Premier ministre Hama Amadou qu’ à l’époque, d’aucuns voyaient quitter la prison pour le palais. Le score de Oumarou veut simplement dire que Tandja pèse encore et pèse 1.300 000 voix soit 500 000 voix de moins que le vainqueur. C’est nettement plus important que le petit filet de voix qui séparait Bush de Al Gore et qui n’a pas empêché le président républicain d’avoir une popularité record dans l’après 11 septembre immédiat avant de dégringoler plus tard sans retenue.
Mais avec la moitié des électeurs qui n’ont pas voté, le score qui porte le patron du Pnds au pouvoir signifie simplement que c’est au résultat que le Niger le jugera. Il avait dit que ce pays n’était pas pauvre mais mal géré. Il faudra que sa gouvernance le démontre. Ensuite, le Niger est au cœur de l’enjeu sécuritaire sahélo-saharien. Issoufou a promis une victoire rapide sur ce front. Il sera bientôt obligé d’aller au charbon. En fait, il n’est pas investi qu’on se prend déjà à évaluer ses chances de rempiler pour un second mandat. Avec le cas échéant ce pari : lui au moins ne reconduira pas de projet de tazartché.
Adam Thiam
Le Républicain 15/03/2011