A la faveur d’une main tendue du Président de la République, IBK, que beaucoup considèrent comme factice, certains opposants l’ont saisi, pour, disent-ils, le bonheur du Mali. Quel est le citoyen, si tant est qu’il a une petite dose de patriotisme dans le sang, qui ne serait pas sensible à l’appel du chef de l’Etat pour voler au secours du grand malade qu’est le Mali ? IBK est-il véritablement à son premier cri de cœur à l’endroit de la classe politique pour sauver le pays ? Et pourquoi c’est seulement maintenant que ceux qui lui ont qualifié d’autiste, d’incapable, de manquer de vision et de programme, le trouvent aujourd’hui fréquentable ? Ceux qui n’ont jamais manqué d’arguments pour peindre en noir le bilan du chef de l’Etat, le trouvent grand rassembleur, patriote et travailleur. La politique a-t-elle sa morale que la morale elle-même ignore au Mali ?
Le PARENA, le PSP, le PDES, le YELEMA, la CODEM, la liste est loin d’être exhaustive, qui ont animé l’Opposition avec brio, ont fini par mordre à l’hameçon du pouvoir en acceptant d’aller dans le gouvernement de Boubou Cissé afin de juguler la crise. Ni l’accord dit politique qu’ils ont signé à la Primature, encore moins l’appel de rassemblement lancé par IBK, ne sauraient être des gages de garantie pour aller à un gouvernement sans un compromis consensuel. Ils sont tous allés à la soupe et leurs combats étaient pour eux-mêmes et non pour le Mali.
Qui ne se rappelle pas des diatribes et critiques objectives du Président du PARENA, Tiébilé Dramé, que nous avons d’ailleurs qualifié d’opposant en or ? Ses rapports-bilans ont fait autorité sur la scène politique, car bien argumentés. Qu’ils soient sur la corruption ou sur la gestion sécuritaire, Tiébilé Dramé a empêché le régime IBK de tourner en rond. Les rapports du PARENA sur l’achat du Boeing présidentiel, des équipements militaires, des engrais frelatés et des tracteurs surfacturés ont fini par convaincre plus d’un malien que ce parti est bien structuré et travaille de façon méthodique. Et Toutes les conclusions des différents rapports auxquelles le PARENA est parvenu, font état de l’incapacité d’IBK à sortir le Mali de l’ornière. Qu’est qui a pu changer en un laps de temps, quelle garantie a-t-il pu donner pour qu’il soit fréquentable ? L’Accord dit politique, que certains ont signé et que d’autres trouvent inadapté, incohérent et pas suffisant pour s’engager dans une aventure à l’issue incertaine, suffit-il pour accepter de coopérer et d’aider IBK à sortir le Mali de la crise multidimensionnelle ?
Ceux qui sont allés au gouvernement savent bien qu’IBK ne cédera pas d’un iota de ses prérogatives. Ils sont tout simplement allés parce qu’ils sont à bout de souffle sur le plan socio-financier. Par cette versatilité qui s’apparente à un manque de conviction, l’homme politique malien se discrédite aux yeux de l’opinion et fragilise chaque jour l’action politique. C’est pourquoi le citoyen lambda définit la politique comme étant le métier des hommes sans foi, ni loi et qui ne sont mus que par leurs intérêts sordides. De ce fait, la politique semble avoir sa propre morale au Mali ?
Youssouf Sissoko