Edito La déchirure profonde de l’ADEMA

 

Les coups bas, les trahisons, le retournement de vestes, ont été monnaie courante au cours des décennies écoulées. Le Président Konaré avait été le premier à donner le ton, en déclarant que son candidat porterait le même maillot que lui, avant de changer non seulement  le maillot mais aussi les crampons. Au vu et au su de tout le monde, il a soutenu ATT contre Soumaïla Cissé, alors candidat de l’ADEMA.

Ibrahima N’Diaye, Vice – président de l’ADEMA à l’époque, a formé avec d’autres le groupe dit des Dix pour faire échouer Soumaïla Cissé au profit d’ATT.

Nous faisons l’économie des nombreux coups bas entrepris depuis l’accession de l’ADEMA au pouvoir, lesquels ont occasionné les départs de feu Mohamed Lamine Traoré, qui a fondé le MIRIA, d’Ibrahim Boubacar Keïta, qui a créé le RPM, de Soumaïla Cissé, qui a ensuite porté sur les fonts baptismaux l’URD.
Soumeylou Boubèye Maïga, longtemps au service d’Alpha Oumar Konaré, a également pris ses distances vis-à-vis de l’ADEMA, en concevant une nouvelle formation politique,  dénommée ASMA – Convergence des Forces Patriotiques.

Aujourd’hui, avec le second tour de la présidentielle qui opposera IBK (39,2%) à Soumaïla Cissé (19,4%), on assiste à un gros remue – ménage au sein de l’ADEMA. Aucun observateur averti n’a été surpris par les évènements en cours. On s’attendait à ce qu’Ibrahima N’Diaye tourne la veste, comme il sait si bien le faire, mais il est resté, pour une rare fois, loyal. Parce qu’il joue son va-tout.

Le jeune candidat de l’ADEMA, Dramane Dembelé (9,59%), a été trahi par les cadres de son parti et plusieurs membres du Comité exécutif, qui jouaient un double jeu soit avec IBK, soit avec Soumaïla Cissé, au détriment du porte-étendard du parti. Il n’est donc pas étonnant qu’il ne soit pas sur la même longueur d’ondes qu’Ibrahima N’Diaye, lequel veut imposer son leadership dans la Ruche. Alors que Dramane Dembelé également compte en être le maitre.

Cette contradiction fondamentale explique pourquoi Dramane a appelé à voter IBK contre l’avis d’Iba N’Diaye, qui dirige actuellement le parti. C’est une guerre de positionnement, une question d’intérêt politique.
Mais le mal est très profond et remonte à Alpha Oumar Konaré, qui a enseigné dans la Ruche les coups bas, la trahison et l’intérêt partisan, voire égoïste, au dessus de tout.

Chahana Takiou
Le 22 Septembre 2013-08-05 01:45:13