Alors qu’elle n’a pas fini de gérer les cas du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, trois pays
en rupture de ban avec l’organisation sous régionale, la CEDEAO fait de nouveau et encore
face à un autre coup d’Etat cette fois-ci dans un pays où les institutions marchent à
merveille, à savoir le Niger. Ce coup d’Etat stupide et insensé, ressemble fort curieusement à
celui perpétré par le Capitaine Amadou Haya Sanogo en 2012 au Mali contre le régime ATT à
quelques encablures de la fin du mandat de ce dernier. Ce qui est grave, voir aberrant ce que
le coup d’Etat du Niger n’a aucun fondement ni politique, ni sécuritaire encore moins social
et sonne comme une provocation et une défiance, car il a été perpétré quelques jours
seulement après la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO tenue en
Guinée Bissau. Pour rappel cette conférence, en plus de porter le Président Nigérian à la tête
de l’organisation, a permis aux chefs d’Etat de bomber les muscles pour dire désormais
mettre une croix rouge sur les coups d’Etat dans l’espace. Bola Ahmed Tinubu, puis que c’est
de lui qu’il s’agit est monté sur ses grands chevaux dans la capitale Bissau Guinéenne pour
fustiger les putschistes et sonner la fin de la rupture constitutionnelle dans l’espace. C’est
après ce discours guerrier et plein d’espoir, parce que venant du Président du plus grand et
plus riche pays de la CEDEAO, qu’un général a eu l’outrecuidance de s’emparer du pouvoir
un Niger.
Donc après cette forfaiture de trop dans notre espace, l’organisation sous régionale joue son
destin, celui de toute une communauté jadis enviée par tout le monde. Sa crédibilité, son
avenir, voire son devenir dépendront de la réussite ou de l’échec à rétablir l’ordre
constitutionnel au Niger.
En effet, le Président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de
la CEDEAO, qui s’est dit par ailleurs très hostile à toute prise du pouvoir par la force, a
désormais du pain sur la planche. La résolution de la crise institutionnelle au Niger serait son
baptême de feu. Qu’il sache surtout qu’en cas échec s’en est fini pour la démocratie et
même pour l’union dans l’espace CEDEAO, donc rétablir les autorités nigériennes est un
immense défi pour la CEDEAO en général et pour Bola Ahmed Tinubu, pour qui le coup
d’Etat est un acte intolérable. En effet, bien qu’une batterie de sanctions économiques et
financières ont été prises par les organisations sous régionales, régionales et même
internationales contre les putschistes nigériens, mais il faudrait, au-delà de ces sanctions,
que le Président légitime et légal soit réinstallé à son fauteuil pour le grand bonheur du
peuple nigérien. Que les chefs d’Etat de la CEDEAO ne se limitent pas seulement à des
discours de condamnation et des menaces, mais qu’ils agissent. Qu’ils mettent en branle la
force en attente pour déloger les putschistes nigériens et envoyer un message de fermeté
aux autres régimes transitoires.
L’espace CEDEAO gagnerait en maturité, en respect et en crédibilité, s’il imposait la paix et
la stabilité, conditions sine qua non pour amorcer un développement harmonieux des pays
membres de l’organisation.
En somme, Jadis considérée comme la région la plus stable et la mieux organisée parmi les
quatre régions qui composent l’Afrique, au point d’attirer des pays qui ne sont pas de
l’espace, comme le Maroc, la CEDEAO traverse aujourd’hui une véritable période de
turbulence et d’instabilité. Il revient aux peuples de se donner la main pour former un bloc
compact contre leur mise à l’écart, car un coup d’Etat n’est qu’une mise à l’écart du peuple
qui ne pourra plus exercer son devoir et jouir de ses droits pendant la période
exceptionnelle.
Source: Alternace(Youssouf Sissoko)