Au motif que l’Aiea soupçonne le programme nucléaire de Téhéran de vouloir produire et posséder la bombe atomique. Un joujou qu’on pouvait laisser aux mains tremblantes de Yeltsin, belliqueuses de Bush, erratiques d’Islamad ou oppressives de Tel Aviv. Mais pas à Ahmedinejad. Dont le pays a commis le tort de ratifier la convention qui, de facto, n’accepte plus que des pays autres que ceux qui l’avaient déjà avant la convention ou qui n’ont pas adhéré à celle-ci détiennent la bombe atomique.
Pour la sécurité globale, ce n’est pas déjà mal de réduire, autant que possible, les risques qu’un illuminé appuie le bouton fatal. Mais il est nettement mieux, pour la paix du monde et même pour résorber le stress économique que subissent les puissances mondiales, que la planète en fête fasse un bûcher de son stock de destruction massive, que s’arrêtent les ventes d’armes, profitables au vendeur mais ruineuses pour l’acheteur. Il est nettement mieux que les maîtres du monde disent clairement ce qu’elles dépensent dans la guerre contre l’austérité scélérate qu’ils décrètent contre leurs propres nations.
L’Iran est dans le même cas. Il a mieux à faire que de pointer le canon sur Tel Aviv. Mais le problème est que Tel Aviv a le canon pointé sur l’Iran et pas seulement. C’est pourquoi la résurgence du dossier nucléaire iranien dans un contexte de turbulente recomposition au sein du monde arabe doit nous inquiéter tous. Juppé a dit qu’il faut faire plier l’Iran dont le président a juré qu’il ne changera pas un iota à ses plans. Au-delà du pittoresque, c’est-à-dire le tandem Tarzan-Goliath contre le Persan qui n’a pas dû lire Montesquieu, ce qui risque de s’élargir, c’est le fossé entre l’espace judéo-chrétien et la ouma islamique. En fait, une crise de civilisations.
Adam Thiam
Le Républicain 11/11/2011