Groupes rebelles, groupes d’auto-défense, milices et la mission onusienne Minusma venue défendre l’intégrité territoriale et les populations, sont sans doute devenus des acteurs de premier plan, qui dessinent sans complaisance les contours de la paix au Mali. Sans l’Etat malien !
Faute de gérer et d’avoir laissé les problèmes se fossiliser, par ce que manquant de vision, le Mali officiel, celui représenté par les institutions élus et qui doit faire autorité s’enfonce et disparait peu à peu comme dans un sable mouvant, sous le regard impuissant et ébahi des populations maliennes, qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Le gouvernement malien nous a habitués à se présenter aux différents rounds des pourparlers inter maliens à Alger, sans en imprimer sa marque, laissant toute latitude au chef de file de la médiation internationale. Mais qu’on en arrive à un effacement complet de ses traces dans la gestion des graves questions de sécurité, jusqu’à la signature d’un accord entre la Minusma et un groupe rebelle sur le territoire malien, a paru aux yeux des Maliens comme une goutte de trop. Erreur de casting ou réelle substitution ? Le déficit de communication (avec un deputy chief Communication qui est convaincue que balancer un communiqué vaut toujours mieux que répondre avec convenance à un journaliste qui appelle pour s’informer) n’aidant pas, les Maliens dans leur majorité ont mal accueilli l’ «accord pour l’établissement d’une zone temporaire de sécurité », signé entre la Minusma et le Mnla.
Que la Minusma ait péché faute d’avoir communiqué en amont, ou qu’elle s’y soit mal prise en faisant du Mnla son seul interlocuteur pour cette signature, à l’exclusion du gouvernement malien ou des Forces armées maliennes, et des autres groupes armés comme la CPA, le MAA et leurs alliés groupes d’auto défense, signataires de la plateforme du 14 juin d’Alger, elle est difficilement comprise aujourd’hui par les Maliens. On y voit tout simplement une libération de cette zone au profit du Mnla qui ne cherche qu’à y chasser tout autre groupe armé opposé. Si le résultat n’est autre que la paix, la Minusma se doit beaucoup plus d’explication. La signature d’un accord avec le Mnla sans le Mali, est purement une substitution au Mali souverain. Doit-on comprendre maintenant que le Mali est sous tutelle des Nations-Unies ?
B. Daou
Source: Le Républicain-Mali 2015-01-26 21:30:11