D’abord par la froideur avec laquelle tant de vies ont été arrachées à l’affection des leurs, comme si l’expédition soutenue par force versets coraniques était levée contre des oiseaux venus dévaster des champs pour lesquels les villages auront sué sang et eau. Ensuite, par l’effroyable constat s’imposant à tout sahélien désormais que le danger peut venir autant des étendues désertiques que des villes bondées. Sauf si l’hypothèse est recevable que Boko Haram est une gangrène nigériane qui ne peut proposer qu’au Nigeria.
Parce que grosse de rancœurs purement locales, allant de la cohabitation parfois éruptive entre chrétiens et musulmans à la frustration de politiciens du Nord inconsolables de n’être pas à la place de Jonahtan Goodluck, en passant par des points de doctrine sujets à caution. Mais justement, le problème c’est que tout cela se passe dans un Nigéria faisant face à la turbulence du Mend et à l’irrédentisme localisé d’un Iboland nostalgique du Biafra, le tout dans un contexte de corruption généralisée et de grande porosité d’Etats qui, en bien des régions, sont d’une inquiétante unité culturelle et historique. Une invocation s’impose dès lors : que le Nigeria exporte son pétrole mais qu’il garde Boko Haram !
Adam Thiam
Le Républicain 09/11/2011