Et les amphithéâtres continuent d’enseigner l’économie comme si la crise des subprimes n’avait pas existé. C’est à peine si la nouvelle économie professée par les Amartya Sen, les Joseph Stiglitz est mentionnée. Pour sûr, les bien-pensants voient en eux les gourous d’une doctrine marginale avec pour seul théorème la plaidoirie pour l’autre partie du monde, sa majorité pauvre, précaire, malade, exclue.
Les cheminées de Davos restent plus fortes que les caniveaux de Kibera. Pourtant, la victoire de Porto Allegre amplifiée depuis par plusieurs forums et par une crise financière sans précédent, c’est que désormais plus personne n’accepte l’infaillibilité du capitaine-marché. Un autre monde est possible, il n’y a pas de doute. Un autre monde est nécessaire, c’est indéniable.
Un autre monde est plausible : rien n’est moins sûr et c’est là que réside la mère de toutes les batailles. En vérité la bataille entre deux mondes. Celui aseptisé des tables garnies, des libertés préservées, des services de qualité contre celui des victimes du sida, du palu, des systèmes scolaires déficients, du manque total et des gouvernances totalitaires. Un monde qui vit en face d’un autre qui meurt.
Qui meurt, certes, parce que tué mais aussi parce que suicidé par des chefs sans projet autre que le nombril. En 2001, Porto Allegre a mis en relief la responsabilité du Nord dans le désastre de l’humanité en mettant en sourdine les turpitudes du Sud. Dakar lui emboîtera le pas en 2011.
Rien de nouveau donc sous le soleil sauf les effluves du jasmin tunisien et la présidence annoncée enfin d’un président africain. Alpha Condé fera comme les présidents latino-américains qui intègrent le sommet social sur leur agenda. Au président guinéen, disons merci pour le symbole. Et à l’Afrique, renouvelons nos condoléances les plus attristées pour ses contre-performances renouvelées.
Adam Thiam 08/02/2011