L’opposition sénégalaise, remontée et mobilisée, lui dénie ce droit et promet de tout faire pour se faire entendre. Mais Wade est convaincu qu’il en a le droit tout comme le cercle de juristes internationaux venus exprès à Dakar, en fin 2011, pour rendre un verdict favorable à l’avocat-président. Ce serait un séisme que ladite candidature soit invalidée, les justices africaines devant encore prendre la pleine conscience de toutes les implications du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs Donc, plus que dans la décision qu’attend le Sénégal, les enjeux résident d’abord dans l’accueil que l’opposition fera du verdict et ensuite dans sa capacité à battre Wade dans les urnes.
En d’autres termes, va t-on vers une crise préélectorale aux conséquences difficiles à prévoir à cette distance du scrutin, le Sénégal étant, en plus de la tchatche, le pays des barouds guerriers et des accolades inattendues ? Va-t-on vers une victoire au premier tour du candidat Wade, avec son score nord-coréen de 2007 ? Si le vieux président est forcé à un second tour, comme l’y a poussé Abdou Diouf en 2000, il lui faudra, pour gagner, être un faiseur de miracles. Car entre lui et la classe politique, la confiance est largement entamée et, sur son nom, il ralliera difficilement les formations qui comptent. Restera bien sûr la carte Youssou Ndour qu’il ne faut pas railler, car son arrivée dans l’arène sanctionne contre une classe politique que Gorgui a trimballée à sa guise. Mais Wade sait qu’il ne peut pas logiquement compter sur une alliance au second tour avec la méga-star africaine. On devrait dire troisième tour car le rusé président a déjà fait du verdict sur sa candidature une sorte de premier tour.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 25/10/2012