Le blitz dans lequel il est engagé lui réussit jusque-là. Avec pour points d’orgue : les défections dans le camp adverse et surtout les appels désespérés au cessez-le feu lancés par Laurent Gbagbo lui-même. Cinq cent morts et un million de réfugiés plus tard, la peur est en train de changer de camp. Le crépuscule de Gbagbo est-il forcément l’aurore de Ouattara ? Rien n’est moins sûr. Parce que d’abord, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir abattu. S’il n’était pas en train de bluffer dès au départ, Gbagbo devrait se battre pied à pied, il subirait des pertes irréversibles mais il en infligerait de très lourdes.
Ensuite parce que ce soit à Yopougon ou à Abobo, à Tiebésssou ou à Gagnoa, Grand Bassam ou Khorogo, c’est la Côte d’Ivoire qu’on assassine. Chaque mort de plus est désormais une mort de trop. Et Ouattara le sait bien : la légitimité et la légalité sont importantes, mais le plus déterminant sera la realpolitik. Donc ce qui restera de son beau pays quand tout se sera couché : les femmes, les enfants, les immeubles, la confiance, les perspectives.
Adam Thiam
Le Républicain 31/03/2011