Le chef du gouvernement, Cheick Modibo Diarra y était également. L’ancien président, Moussa Traoré et le capitaine putschiste, Amadou Aya Sanogo ont été reçus l’un après l’autre, dans l’après-midi. Auparavant, il avait déjeuné avec le président par intérim, Dioncounda Traoré, à son domicile. Ce n’est pas tout.
Goodluck s’est rendu à Titibougou pour des échanges «fructueux» avec l’ancien président, Alpha Oumar Konaré.
Il nous est revenu qu’il a dit à ses hôtes : «Les présidents Alassane Dramane Ouattara et Blaise Compaoré ne se sont pas bien entendus avec les populations maliennes. Je suis venu pour écouter tous les acteurs de la vie sociopolitique et voire ensemble comment nous pourrons résoudre la crise malienne. Dans deux semaines, je rendrai compte à mes pairs de la CEDEAO».
Au moment même où Goodluck multipliait ses rencontres, une réunion du Groupe d’appui et de suivi sur la situation au Mali s’ouvrait à Bamako. L’ONU, l’UA, l’UE, la CEDEAO, les pays limitrophes du Mali et les autorités de la transition épluchaient des dossiers pour rendre opérationnelle, dans un délai raisonnable, une intervention militaire étrangère au nord du pays, afin d’y chasser les islamistes, qui s’y trouvent.
Avec la résolution 2071 du Conseil de sécurité, la solution militaire est déclenchée. Il reste à mobiliser les ressources humaines, financières et autres pour un réel succès de l’opération. Cette option, bien qu’irréversible, ne ferme pas totalement la voie au dialogue parce qu’ après les frappes militaires, il va falloir s’asseoir pour discuter de la gestion de la victoire et des relations futures que Bamako pourrait tisser avec le MNLA, chassé par le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), des trois régions du nord.
Blaise Compaoré n’ayant pas bonne presse à Bamako, en raison de sa proximité et, surtout, de sa complaisante envers le Mouvement indépendantiste, qui parle aujourd’hui «d’auto-détermination», Goodluck pourrait bien le remplacer dans la médiation pour calmer les esprits surchauffés ça et là. C’est peut-être la raison pour laquelle, il était à Bamako pour tâter le terrain. Il jouit, en tout cas, auprès de la classe politique, des forces vives de la nation et même des citoyens lambdas, d’un préjugé favorable.
D’autres critères plaident en sa faveur pour remplacer Blaise Compaoré comme médiateur principal dans la crise malienne. D’abord, le dossier malien l’intéresse. En effet, le 26 avril dernier, la conférence extraordinaire de la CEDEAO, tenue à Dakar, en marge de l’investiture de Macky Sall, consacrée à la Guinée Bissau et au Mali, a salué et entériné le souhait exprimé par Goodluck Jonathan du Nigeria de se joindre aux efforts du Médiateur Blaise Compaoré dans la résolution pacifique de la crise au Mali. Son déplacement à Bamako pourrait bien s’inscrire dans cette logique. Ensuite, il vient d’un pays confronté au radicalisme des islamistes avec la secte «Boko Haram», qui fait beaucoup de dégâts au Nigéria, à travers une sorte de guérilla.
De plus, il semble que le Mouvement pour l’Unicité, le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), qui règne en maitre absolu à Gao, est en connexion avec «Boko Haram». S’y ajoute le fait que son pays demeure le plus puissant économiquement et militairement parlant de la sous-région. Son pays pourrait donc offrir le plus grand contingent africain pour aller à l’assaut des moustachus.
Ainsi, par cet engagement annoncé, dans le dossier malien, il contribuerait, sans nul doute, à régler également un problème interne par la déconnexion «Boko Haram» – MUJAO.
Fort de ces atouts, Goodluck pourrait, sans coup férir, conduire les négociations d’après guerre avec fermeté et clairvoyance. Pour l’instant, la seule chose qui vaille, c’est bien la guerre contre les islamistes.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 22/10/2012