Contrairement à certains voisins qui sont pourtant tout aussi démunis, le pays a toujours pu coupler la présidentielle et les législatives, réalisant ainsi une bonne économie d’échelle, puis épargnant à ses citoyens l’épreuve d’un trimestre de campagne électorale ainsi que des va et vient au bureau de vote. C’est aussi le même Niger aux moyens modestes dont l’armée arrive à neutraliser des 4×4 chargés d’armes libyennes qui ont pourtant traversé sans entraves le territoire de la puissante Algérie.
C’est enfin le même Niger qui, non content de vérifier rigoureusement la moralité de ses ministres au point de retarder la formation du gouvernement, inculpe du coup, plus d’une dizaine de fonctionnaires et d’opérateurs privés pour le détournement de moins deux milliards de francs Cfa. Un montant qui, sous des cieux africains, ne vaut même pas la facture pour le petit four des commis de l’Etat.
Les neveux intouchables de la République fabriqués presque partout dans des pays qui tirent pourtant le diable par la queue. Sauf quand leur diable n’a plus de queue, parce qu’arrachée à force d’avoir été tirée, comme on dit chez nous, dans l’autodérision des résignés. On est loin des montants astronomiques qui défraient la chronique journalière de l’Afrique ordinaire. Mais chaque centime sauvé est un enfant gagné pour l’école. Pourvu qu’il ne s’agisse pas de croisade sélective, le Niger contre l’impunité est du cercle vertueux qui doit mériter le respect.
Adam Thiam
Le Républicain 15/08/2011