Alors que les négociations entre le gouvernement et les syndicats signataires du 15 octobre piétinent toujours, au même moment, l’année scolaire avance à grands pas. Aujourd’hui, l’espoir de sauver, d’abord, l’année ensuite l’école malienne s’érode de jour en jour. Le constat est malheureusement à l’échec car les deux parties n’arrivent pas à s’entendre sur un minimum de compromis pour éviter à notre école la fatale descente aux enfers. A ce rythme, on pourrait affirmer que l’école est décidemment le dernier souci des autorités actuelles, sinon elles auraient satisfait les revendications des enseignants qui sont loin d’être de la mer à boire pour la troisième économie de l’UEMOA que nous sommes et qu’on s’en vante à tout bout de champ. Les autorités se vantent d’avoir réalisé l’un des taux de croissance les plus performants et au même moment toutes les couches socioprofessionnelles sont aux abois faute d’un mieux-être et de bonnes conditions de vie et de travail. L’école, qui est censée être le creuset de tous les espoirs et de tous les savoirs, source d’un avenir radieux pour un pays, est la dernière des priorités des autorités maliennes.
Et pourtant, rien qu’à méditer cette célèbre citation d’un sage chinois, il y a de cela plusieurs siècles dont en voici quelques extraits : «… Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera très facile de les vaincre. » On en déduirait que les autorités ne se soucient guère de l’avenir du pays. Le cas du Mali s’apparente à ce schéma et le sage chinois a raison car détruire un pays ne nécessite pas, effectivement, l’utilisation de bombes atomiques, de missiles à longues portées ou autres armes de destruction massive. Il suffit juste de détruire son système éducatif, en permettant et en encourageant la triche, la fraude et la corruption dans l’éducation et la destruction se fera toute seule. Si tant est que les gouvernants mesurent les conséquences de la destruction de l’école, ils feront en sorte qu’elle soit sauvée. Car des élèves malformés deviendront des médecins médiocres, fraudeurs et corrompus entre les mains desquels des patients mourront faute de soins et parfois de diagnostic les plus rudimentaires en médecine. Des bâtisses, des autoroutes et des ouvrages d’arts s’effondreront car construits par des architectes et des ingénieurs médiocres, fraudeurs et corrompus. Le système économique du pays, ses richesses, ses réserves de changes fondront comme de la neige, car entres les mains d’économistes, d’hommes politiques, d’investisseurs et d’hommes d’affaires médiocres. La justice deviendra injuste et elle sera au service des plus forts car elle sera entre les mains d’hommes de lois, de juges médiocres, fraudeurs et corrompus. Bref, tous les domaines, tous les secteurs seront en ruines car gérés par des médiocres, des corrompus qui n’auront plus de valeurs, plus de repères, de modèles, de grandeur, de dignité, de conscience, ce qui engendrera l’effondrement de la nation.
Sont-elles réellement conscientes de toutes ces conséquences ? Et pourquoi n’agissent-elles pas pour trouver des solutions ? Force est de constater que les autorités maliennes ne font pas assez pour éviter à notre pays un avenir sombre.
Youssouf Sissoko