Quelques cascadeurs en mal d’action comme il y’en a dans toutes les métropoles paumées du monde. Mais sans plus et surtout sans commune mesure avec l’éruption généralisée du 23 juin qui était, elle, d’indignation justifiée. Parce que, sans doute l’opposition sénégalaise avait compris son erreur en insistant sur le retrait forcé d’une candidature validée par le juge constitutionnel. Une erreur qui faisait le lit de Wade puisqu’engluant la campagne dans le débat de la légalité contre celui de la légitimité. Les Sénégalais ont prouvé heureusement qu’ils préfèrent parler avec leur bulletin. Et ils ont parlé. Wade est loin de son score pharaonique de 2007 et cela vaut chiffon rouge.
Tout laisse croire, d’ailleurs, qu’il sera forcé à un second tour que mathématiquement il ne peut gagner que si son opposition se divise. Difficile à imaginer puisque la sainte alliance vise moins Wade père que Wade fils. Mais il y a une évidence, tout de même : c’est qu’un second tour n’a été possible que parce qu’il n’y a pas eu de candidature unique de l’opposition. Happy end donc à la sénégalaise ? Ce serait une lamentable erreur de se frotter les mains dès maintenant.
Car, quoiqu’improbable, une victoire au premier tour de Wade -qu’elle soit réelle ou fabriquée- reste possible avec seulement la moitié des votes dépouillés. Et là, personne ne pourra rien garantir. Il est faux en effet de dire que la violence politique n’est pas dans les mœurs du Sénégal. Les meurtres d’Iba Mar Diop, de Babacar Seye, les journées insurrectionnelles de 1988, celles particulièrement sanglantes de 1993 et enfin les morts de ces derniers mois, sont autant de faits qui prouvent que le Sénégal peut basculer.
Adam Thiam
Le Républicain mali 28/02/2012