Il s’agit bien sûr des dirigeants de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), Branche N°1, conduits par Hammadoun Amion Guindo. Celui-ci n’a pas fait de mystère sur ses intentions: organiser les concertations nationales dans un bref délai, dissoudre à la fois l’Assemblée nationale et le Haut conseil des collectivités et mettre en place un nouvel Acte fondamental de la transition, afin de désigner le Président de celle-ci en lieu et place de Dioncounda Traoré.
Ce schéma est celui également de l’organisation jumelle, la COPAM 2, présidée par le Pr Younouss Hamèye Dicko. C’est aussi la voie idéale qui avait été tracée par l’ex-junte pour conserver le pouvoir. Manifestement, le chef des putschistes, le Capitaine Sanogo, reste dans ce canevas de travail et en a même appelé à l’organisation rapide des «nécessaires concertations». Avant, se posant toujours en recours providentiel, de préciser qu’il était toujours prêt à jouer tout rôle que le peuple lui confierait.
Il fallait donc trouver un Cheval de Troie, comme dans la mythologie grecque, qui va user de la ruse pour tenter de faire la paix, mais, en réalité, qui aura pour tâche de détruire ceux d’en face, c’est-à-dire tous les adversaires de ce plan machiavélique. Diango Cissoko a-t-il été choisi pour jouer ce rôle?
Incontestablement, c’est un cadre expérimenté et compétent. Mais il n’a, semble-t-il, aucune conviction politique. Ce qui le fragilise et le prédestine à jouer le rôle de cheval de Troie. Jugez-en vous-mêmes: Secrétaire général de la Présidence sous le Général Moussa Traoré, titulaire du même poste sous l’autre Général, ATT, et désormais au service du Capitaine Sanogo pour lui obéir au doigt et à l’œil?
L’ancien ministre d’Alpha Oumar Konaré, Ousmane Sy, a parfaitement raison de s’interroger en ces termes: «le nouveau Premier ministre de la transition a-t-il réellement pour missions la restauration de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire national et l’organisation d’élections transparentes, justes et acceptées? Ou sera-t-il un Cheval de Troie pour des politiciens en uniforme, qui n’ont pas encore abattu toutes leurs cartes?»
Les appréhensions de l’époux de Mme Kadiatou Sow, 1ère femme Gouverneur du District et 1ère femme Chef de la diplomatie du Mali, sont on ne peut mieux fondées. Car si Diango Cissoko, dont la nomination a été saluée par tout le monde, apparait comme un don pour certains et comme le signal de la fin des incertitudes pour d’autres, il pourrait aussi s’avérer être une malédiction pour notre pays. De la même manière qu’on craint les Grecs à Troie, même quand ils apportent des cadeaux, il nous faut nous habituer à craindre tout ce qui vient de Kati.
Diango Cissoko ne nous inspire pas confiance, non pas parce qu’il était l’un des plus proches conseillers occultes de Cheick Modibo Diarra, mais pour ses accointances avec la junte. Au même moment où il guidait CMD, Diango se préparait à lui succéder. Il avait tenté de jouer le même rôle avec le PM Pinochet lorsqu’il était le Directeur de cabinet de ce dernier. En vain.
Alors, comment faire pour éviter à ce Cheval de Troie d’exécuter sa sale besogne? Le peuple doit arrêter de somnoler et de se laisser berner par les belles paroles. Il doit se muer en vraie sentinelle de la démocratie, sinon le pire est à craindre. Comme le dit l’autre, que Dieu sauve le Mali!
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 17/12/2012