Pourtant Deauville a fait dans l’asymétrie en n’endossant pas publiquement et clairement un Plan Marshall pour la Guinée, le Niger et la Côte d’Ivoire dont les présidents récemment élus étaient les hôtes du sommet. Quoique les processus et les défis ne soient pas du tout les mêmes pour le trio adoubé, la prime à la démocratie exigeait une attention plus spéciale du G8. On n’envoie aucun bon signal aux leaders qui refusent le verdict des urnes et à leurs peuples, en ne donnant pas plus aux invités du continent qu’une chaise dans un coin de la salle. Le Niger est l’une des rares flammes démocratiques de l’Afrique, avec des contre-pouvoirs de qualité et des dirigeants pour lesquels éthique et morale veulent encore dire quelque chose. Il mérite une aide massive, à cet égard.
La Guinée est le pays des potentiels inexploités et une locomotive en puissance. Elle mérite elle aussi une aide massive. Enfin, la Côte d’Ivoire reste centrale à la sécurité et à l’économie de la sous-région et c’est un pays à remettre sur les pieds. Elle mérite plus une aide massive. Mais comme à son habitude, le G8 ne s’occupe de l’Afrique subsaharienne que par acquit de conscience. Hélas, cette année où il n’en a eu que pour l’Afrique du Nord, le cinéma saute plus dramatiquement aux yeux. Comme si la manne promise aux animateurs de la révolution jasmin a, en réalité, pour but de les assigner à résidence et d’élever un peu plus la muraille l’émigration contre l’immigration ouest-africaine.
Adam Thiam
Le Républicain 30/05/2011