Ce faisant, la France ne soldait pas seulement une dette. Elle donnait à la solidarité entre les peuples un nouveau contenu à l’heure des égoïsmes. La liberté et l’intégrité recouvrées du Mali s’écriront désormais avec le sang de soldats français dont le second est tombé mardi et peut-être hélas avec aussi le sang de ressortissants de l’Hexagone que le terrorisme cherchera de plus en plus à prendre comme otages. Et le Mali dans tout ça ?
Ce qu’il est devenu, entre le jour où Modibo Keita obtenait le départ des troupes françaises et le jour où Dioncounda Traoré obtenait leur retour salutaire, est très simple à comprendre mais dur à accepter. C’est toute l’histoire de l’évolution subie plutôt que maîtrisée. C’est toute l’histoire d’un grand pays ramené à de petits desseins. C’est toute l’histoire d’un pays qui préfère l’orgueil à la fierté. C’est toute l’histoire d’un pays qui a déglingué exprès l’ascenseur républicain au profit des passe-droits et des sauf-conduits.
Qui négocie tout : l’ordure contre l’or pur, le bien-être général contre l’intérêt privé,. Et qui accepte tout : téléphoner à la hiérarchie pour que le fiston bidasse ne monte pas au front ; aller voir le marabout pour anéantir le voisin, sacrifier l’avenir pour le présent. Mais un pays qui a toujours cette espèce de baraka qui l’empêche de toucher le fond et pour lequel, nous avons aujourd’hui, l’opportunité historique de nous remobiliser
Adam Thiam