Rarement le choix d’un Premier ministre n’aura autant fait une large unanimité de l’opinion publique que celui de Choguel Kokalla Maiga.
Non pas parce qu’il est exempt de reproches ou bien qu’il est un homme neuf dans le sérail politique, mais pour sa constance dans le combat contre le régime d’IBK et surtout une certaine maitrise des dossiers du pays notamment celui du nord et des télécoms, des enjeux majeurs du Mali d’aujourd’hui.
Choguel K. Maiga a tenu la dragée haute en refusant certaines compromissions, quand beaucoup de ses compagnons du M5-RFP rasaient le mur à Kati pour avoir des strapontins. Son choix à ce poste stratégique est la résultante de sa persévérance, de sa constance et de sa détermination.
Mais deux semaines seulement après sa nomination comme Premier Ministre, les langues commencent à se délier et la question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir comment celui qui cristallisait toutes les attentes, toutes les aspirations légitimes d’un peuple à la recherche d’un leadership peut-il commettre des bourdes ?
Choguel Kokalla Maiga est en passe de décevoir, car depuis sa nomination il n’a fait que commettre des erreurs dont les plus graves sont la violation de la charte de la transition avec 28 ministres au lieu de 25, la non déclaration de ses biens, le non renoncement à une partie de ses indemnités comme le Président de la transition Assimi Goita, la visite inopportune aux anciens premiers dont certains devraient faire l’objet des poursuites pour leurs gestions calamiteuses.
Comme si cela ne suffisait pas, il est en passe de s’affranchir totalement du M5-RFP. Que dire de la non inclusivité de son gouvernement en mettant à l’écart une frange importante de la classe politique et de la société civile toutes choses qui pourraient compromettre dangereusement les réformes pour la refondation du Mali ?
En adoptant une telle posture, l’éléphant annoncé et fortement attendu qu’est Choguel Kokalla Maiga, arriverait avec deux pattes cassées et il est bien probable qu’aucune réforme d’envergure ne soit menée au cours de la transition.
Il est grand temps, avant qu’il ne soit trop tard, que Choguel Kokalla Maiga change de fusil d’épaule et qu’il donne lui-même le ton d’une gouvernance vertueuse dont les caractéristiques principales seraient la transparence, l’inclusivité, la compétence, l’éthique, le respect de la loi et le don de soi.
Le Premier Ministre a désormais une occasion idoine d’écrire l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire du Mali contemporain, mais à ce rythme et s’il continue sur cette voie, il risquerait de passer à côté.
En somme, le rêve d’un Mali Koura va-t-il devenir une illusion ?
Il serait trop tôt de répondre à l’affirmatif, surtout quand on sait que Choguel K. Maiga vient d’être nommé.
Mais comme dirait un vieil adage, la vertueuse nuit s’annonce depuis le petit soir.
Youssouf Sissoko