C’est d’ailleurs un des acquis majeurs des échanges qui mobilisent actuellement la classe politique malienne. C’était plus facile pour elle par démagogie, de préconiser la solution militaire mais elle s’en est gardée. Car pour beaucoup d’entre nous, l’autorité réside dans l’usage de la force et rarement dans le compromis qui rend celle-ci inutile. Beaucoup d’entre nous voteraient aujourd’hui l’indépendance de l’Azawad juste pour souhaiter bon débarras à ce que nous appelons l’irrédentisme touareg. Beaucoup d’entre nous pousseront à la guerre sans chercher à explore davantage les issues pour le dialogue, et totalement ignorants des réalités et des pièges du terrain. Non, le salut n’est pas dans la guerre.
Il est dans la négociation et négocier avec son peuple n’est pas de la faiblesse. Nous sommes de ce camp quant à nous et nous y resterons. Mais rien n’est au dessus de notre pays et sous ce regard là, nous trouvons déplorable, voire méprisant le cheminement par lequel Alain Juppé exige le cessez-le feu. Un ministre respectueux de l’orgueil des peuples n’a pas à constater les exploits d’une rébellion.
Or il l’a fait. Et du coup, on est bien en situation de penser que ce qu’il demande, dès lors, peut être perçu comme la capitulation d’un Etat dont les citoyens se croient stigmatisés par la France. Par sa déclaration qu’il doit rectifier, Juppé n’accélère pas la paix que nous appelons de nos vœux. Au contraire, il l’éloigne. Or M Juppé a trop de classe pour se reconnaître dans la France du discours de Dakar ou celle bien plus récente de la supériorité de certaines cultures sur d’autres.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 09/02/2012