L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger peine à se concrétiser sur le terrain. En témoignent les récents évènements de Kidal, qui divisent les Imghads et les Ifoghas, désormais considérés comme des frères ennemis touaregs.
Une autre preuve de cette difficulté a trait à l’installation des autorités intérimaires, censées gérer les affaires locales durant une période de 18 à 24 mois. A l’évidence, celles-ci ne pourront pas être installées d’ici le 15 août, en raison du conflit cité plus haut, dans la mesure où les Imghads et les Ifoghas doivent cohabiter au sein de ces nouvelles structures.
Le problème est moins la qualité de l’Accord que le comportement des différents acteurs – Etat, communauté internationale, groupes armés et Algérie, partenaire stratégique. Ce pays voisin, décrié à l’intérieur du pays comme dehors, est présenté comme étant à la fois le problème et la solution du Mali.
Oui, problème il l’a été avant et pendant le déclenchement de la crise en 2012. En effet, Alger, il faut être candide pour ne pas le savoir, aidait ses frères touaregs en laissant le sud algérien comme base arrière des «bandits armés de Kidal» et fermait ses yeux sur le ravitaillement de ces derniers en carburant et pièces de rechange.
Au passage, il faut dire que c’est le même pays qui a déversé sa vermine dans le nord du Mali. Il s’agit des terroristes du GSPC d’alors, qui ont pullulé sur notre territoire, grâce la faiblesse des autorités de l’époque. C’est bien la résultante de cette situation qui nous vivons en ce moment.
Et revoici Alger pour jouer au pompier, avec comme résultat cet Accord, dont elle est la garante. Mais elle ne fait rien véritablement pour sa mise en œuvre. La littérature ne suffit point, pas plus que les nombreuses réunions du Comité de Suivi de l’Accord. La seule chose qui vaille, c’est bien l’existence d’une force, ne serait-ce que dissuasive, pour permettre aux uns et autres de se mettre dans les rangs de l’Accord.
Alger ne fait rien. Elle a les moyens de pression, mais, malheureusement, elle ne les utilise pas. Apparemment, elle tire son compte de cette situation de ni paix ni guerre.
Il est temps, grand temps que la position d’Alger soit clarifiée. On ne la voit pas, on ne l’entend pas quand on a besoin d’elle. Et, du coup, elle prend Bamako en otage et l’empêche de se rapprocher comme cela se devrait avec le royaume chérifien, lequel est un partenaire historique du Mali, uni par le sang, la culture et, bien sûr, la géographie.
Si Alger ne peut pas nous aider à circonscrire à la fois l’irrédentisme touareg et le terrorisme, malgré ses immenses moyens militaires, humains et financiers, que Bamako ait le courage politique de quitter les griffes de nos voisins du nord pour demander fièrement et dignement l’aide du Maroc, à l’instar de notre voisin du Niger. Ce pays, menacé par Boko Haram a frappé à la bonne porte, quand bien même qu’il a des voisins géants comme le Nigéria et l’Algérie. Le Maroc est plus sensible à la misère des peuples que l’Algérie. Le Roi Mohammed VI est un souverain généreux et serviable, qui aime l’Afrique et ses coreligionnaires musulmans.
Le Maroc est bien présent au Mali, dans la grande majorité des banques, dans les télécommunications, dans les assurances, dans la santé, dans le bâtiment, dans la formation des imams, des étudiants, des douaniers… Il constitue une part non négligeable de notre économie. Pourquoi ne pas le laisser s’investir dans notre sécurité, dans la défense de notre territoire, parce que, si le Mali perd cette bataille, le Maroc également en pâtira, en raison de ses énormes investissements dans notre pays.
Tel n’est pas le cas de l’Algérie. On comprend alors l’attitude du pays d’Abdoul Aziz Bouteflika, que le Président du PARENA, Tiébilé Dramé, considère comme le plus Malien des Algériens. Une fois de plus, Bamako doit se libérer de la tutelle algérienne.
Chahana Takiou