Même combat: de Bamako frappé lundi soir mais victimes autres que dans le camp des assaillants, à Bruxelles lourdement endeuillé par la double attaque mardi matin d’ une station de métro et de l’aéroport, en passant par Grand Bassam qui n’ a pas fini d’enterrer ses morts. Même fil rouge: pousser la civilisation libérale dans ses derniers; faire en sorte que la dernière sortie se termine dans le sang et dans le cri; et s’assurer la plus grande publicité par les déclarations impuissantes des palais, le visage hébété des survivants, les analyses redondantes des experts. Puis le train train quotidien de la vie qui est toujours plus forte tant qu’il reste une once d’énergie et cela jusqu’aux prochaines explosions quelque part, au milieu d’une foule innocente où la bombe est envoyée sans discernement pour le musulman, le chrétien, le juif.
Même message enfin: celui que les soldats de Dieu lutteront jusqu’au dernier souffle et que l’ennemi est très vulnérable. La preuve: à Bamako, l’important était de démontrer que les forces de l’union européenne sont à portée de kalach; à Grand Bassam, il s’agissait en faisant funestement du chiffre de montrer que le terrorisme peut s’étendre à de nouveaux espaces. A Bruxelles enfin, la cible était bien entendu la Belgique qui cherche à assainir Mollenbeck mais également l’Europe qui, par ses pays phares, ouvre les bras aux peuples martyrs de la Syrie et de l’Irak.
Effet boomerang de la valse hésitation sur le pays de Assad et de l’arrogance yankee concernant le pays de feu Saddam, peut on raisonnablement arguer. Sauf que le temps n’est pas au procès mais à la parade. Or une parade contre des endoctrinés qui marchent vers la mort comme les « civilisés » vont vers leurs voitures n’est pas évidente. Au soir des hécatombes, des toits effondrés et des vitres pulvérisées, on a pourtant envie d’être un long cri de trêve et surtout, en modérant le langage, répéter après ce Britannique révulsé par les attentats de Bruxelles: nous sommes fatigués de cette tragédie!
Adam Thiam
Le Republicain