Ensuite, le président sénégalais devrait le faire pour que son pays reste cette exception africaine où les contre-pouvoirs jouent leur rôle. Mais le Sénégal ne peut pas faire école par la chasse aux sorcières, que celle-ci soit réelle ou simplement imaginée ou grossie par la communication de l’équipe sortante.
La belle leçon de gouvernance que Dakar a commencé à envoyer à l’Afrique dès février s’estompera si les Wade se disent persécutés, si le Pds annonce sur tous les toits que ses candidats aux législatives sont délestés de leurs voitures au profit des nouveaux régnants et si une figure aussi emblématique qu’Ousmane Ngom est ramené manu militari de la Casamance à Dakar, en pleine campagne pour les législatives et apparemment en raison des audits en cours des années Wade. Ce n’est pas qu’Abdoulaye Wade et son équipe soient au dessus des lois de la République.
En démocratie, ils ne peuvent être que des justiciables. La norme pour tous devant être la reddition de comptes, pas l’impunité. Mais l’Etat de droit a ses règles et ses procédures. Le nouveau pouvoir de Dakar devrait montrer qu’il se conforme à ces obligations. A défaut, il accréditerait la loi d’airain des démocraties lacunaires du continent qui sacrifient toujours l’essence à la paillette.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 21/06/2012